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 Le temps d'un sourire.

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Iku L. Samuro
Fondatrice tyrannique/ Tsundere androïde sadique, et folle amoureuse d'une bête rouge :3
Fondatrice tyrannique/ Tsundere androïde sadique, et folle amoureuse d'une bête rouge :3
Iku L. Samuro


Féminin Nombre de messages : 1975
Age : 31
Localisation : Derrière toi. *BAM !* Haha ! C'était une blague ! J'étais devant.
Loisirs : S'entraîner, jouer et écouter de la musique, lire, etc... Mais bon, 'faut dire qu'avec tous ces boulots, on trouve moins le temps de se détendre -_-
Amour ? : Lloyd, Lloyd Irving ! Ça va faire deux ans... *effusion de cœurs*
Date d'inscription : 07/01/2008

Feuille de personnage
Classe: Arme Humaine (non officiel : Menakata)
Particularités/pouvoirs: Armes sortant des poignets, omoplates, épaules, genoux, coudes, dos, et bassin. La deuxième et finale forme de son corps, annoncée par un changement de couleur des pupilles, fait apparaître une sorte d'arc très bizarre directement tracé à partir de son bras (flèches dans son canon), c'est cette arme qui accumule tous les coups (force physique ou magique) et permet de les dévier. Sang régénérateur : son sang produit de nouvelles cellules et referme une plaie PHYSIQUE dans la 10aine de minutes qui suit quand elle est immobile, mais la plaie reste à l'intérieur du corps. régénère les petits organes comme yeux ou os TRES RAREMENT. [NON MAITRISE]
Sang: Humain amélioré

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MessageSujet: Le temps d'un sourire.   Le temps d'un sourire. Icon_minitimeJeu 28 Jan - 2:00

Le temps d'un sourire. Fymp7c

[ # ]

Regarde toi, tu es ridicule.

Tu es devant ce miroir. Ce grand miroir. Qui te montre ton corps nu, des pieds à la pointe de tes cheveux ébènes, pour une fois détachés. Oh, une mèche dépasse, sommet pointé vers le ciel. D'un geste las, tu portes ta main à ton visage, passe devant un œil caché, crispe légèrement les doigts, puis continue ta route, aplatissant cette mèche. Puis tu laisses tomber ton bras contre ta peau pâle. Sur ton visage, un air dégoûté. Tu sembles irritée. Très irritée. Ton unique regard est vide, mais tes dents serrées, la totalité de ta peau est complètement crispée, tes fins sourcils même un peu trop froncés. Agacée. Exaspérée. Totalement exaspérée. Tu es dégoûtée de voir ce qu'est devenu ton corps. Et, afin de continuer sur ma lancée de rime, j'ajouterais que tu sembles fortement contrariée. Certainement pour un autre événement. Sans doute.

Tu n'es pourtant pas très laide. Ton corps est naturellement beau, ta peau naturellement claire. De teint pâle, de grande taille et de corpulence assez voluptueuse, tu respectes pourtant tous les critères pour rentrer dans la catégorie des favorites des japonais. Tes bras squelettiques et ta fine taille contrastent joliment avec tes seins ronds et tes hanches appétissantes. Ton visage est délicat, en forme de cœur et rond à la fois, un cœur rond. Tes deux pommettes, surplombant tes fines lèvres d'un rose doux et un petit nez légèrement en trompette, semblent rougir facilement. Ton unique œil visible, en forme d'amande, pétille de malice. A vrai dire, ce regard ne t'a jamais vraiment quittée. Son iris noisette tire légèrement vers le jaune et, quand une mèche vint s'aventurer dessus, prend une teinte légèrement bordeaux. Mais pourtant, tu sembles pathétique. Il faut dire que ces « êtres » intérieurs t'ont poussés à faire des sacrifices. Une grande cicatrice verticale parcoure ton bras. Elle débute de ton omoplate qui est lui même strié de profondes plaies. Puis elle continue. Tout le long de ton bras. Elle s'arrête légèrement, puis réapparait soudainement sur la face de ta main, dans un trait profond et horizontal. Ta longue cicatrice étant d'une douce et discrète couleur pèche, cette autre cicatrice tranche le tout en prenant une poignante couleur carmin. C'est le cas de le dire. Sur ton autre main, réplique identique de la cicatrice.

Et ça, tu n'en es pas fière.

Au début, tu trouvais cela plutôt amusant, d'avoir quelques cicatrices sur le corps. Une part-ci, part-là, elles ont toute une teinte allant du rosé au rouge sang, c'est cool. Oui, c'est assez rigolo en fin de compte. Une, ou deux, ou trois, mais ça suffit. Quand il y en a une autre qui vient, puis une autre, et encore une autre... Quand tu arrives au nombre, compté, de précisément cinquante sept cicatrices sur le corps, c'est moins rigolo. Tu t'en souviens. Ton meilleur ami s'était amusé à les compter dans le dos qui lui était présenté, quand il devait appliquer de la crème solaire sur ta peau, quelques mois auparavant. Toi, tu avais été franchement vexée. Mais tu avais masqué ces sentiments, en riant de bon cœur. C'était il y a quatre ou cinq mois, en plein mois de Juin, le temps était resplendissant. Tu étais également resplendissante, d'ailleurs, resplendissante de joie. Tu t'étais rendue avec ta bande d'amis, unis pour la vie, à la plage, pour profiter du soleil de plomb qui faisait monter les températures à trente degrés. Tu étais restée avec le meilleur pendant presque toute la sortie. Lui. Le meilleur. Un mètre quatre vingt dix, de longs cheveux rouge retenus par un bandeau au front, des yeux turquoise électrique, un sourire d'ange, et surtout, un charme à faire tomber. Ce charme n'avait pas forcément marché avec toi. Dès le premier regard, ce type, tu l'avais déjà reconnu en tant qu'ami. Reconnu en tant que frère. Grand frère, tel était le surnom que tu aimais lui donner. Mais Grand frère, alias Yasuki Nihichimaru, ne vit plus jamais le jour. Oh, qu'est ce que tu aurais aimé revoir son visage, le taquiner encore un peu, rire à ses blagues, rire, encore et toujours... Tu n'aurais jamais aimé le décevoir. Tu l'as fait un bon nombre de fois pourtant. Tout cela, tu le regrettes amèrement. Tu regrettes de n'avoir jamais pu être là assez souvent. Et finalement, tu te dis que tu aurais pu donner ta vie pour lui. C'est vrai, tu le considérais comme un frère. Ayant perdu ton père et ta mère par ta faute, il n'y avait plus que lui. Mais ça, c'était avant. Maintenant, il n'y avait plus personne. Mort à la guerre. C'était bien tragique. Une fois réveillée de ton coma, une fois la nouvelle apprise, tu avais pleuré toutes les larmes de ton corps. Et il n'y avait personne qui aurait été capable de te consoler. Personne. Sauf lui.

LUI.

Lui, qui fait battre ton cœur. Lui, qui te fait pleurer de joie, comme il peut te faire pleurer de tristesse. Lui, qui te fait vivre, comme il peut te faire mourir. Lui, qui peut te faire rougir, et mourir de honte instantanément. Lui, capable de te redonner le sourire après une crise de larme juste par de simples mots. Dès que tu le vois, tu pétilles de l'intérieur, tu te sens toute chose, tu as envie de le prendre dans tes bras, couvrir sa peau de baisers. Tu peux. Tu es assez libre avec lui, de toute façon, comme il est libre avec toi. Il t'en a fait, des sales coups. Tu te dis que tu peux les oublier, tourner la page, c'est ça, la complexité d'un couple, après tout. Mais il t'a fait bien plus de bons coups. Très bons coups, que tu n'oublieras jamais. Jamais. Il est et a été toujours là pour toi, à vrai dire. Tu le trouves mignon, incroyablement mignon, attirant même. Autant mentalement que physiquement d'ailleurs... Une bravoure et une générosité irréprochable, qui te fait tant craquer. Oui, tu l'aimes. Tu l'as toujours aimé. Et lui aussi. Vous êtes en totale osmose, il faut dire.

Il y a quelques années, tu pensais que tu pouvais considérer ta relation avec cet homme beaucoup plus supérieure à l'amitié. Lui aussi. Vous aviez donc officialisé tout cela. Vous vous étiez mis d'accord pour « sortir ensemble », quoi. Évidemment, ça n'a pas changé. Tu n'es pas le genre de femme qui oublie rapidement de telles personnes, lui non plus. Au niveau de votre relation, non, rien n'a changé. Parfois, tu viens à t'imaginer que rien ne changera jamais. Et d'un côté, ça te rend heureuse. Non, de tous les côtés. Oui, tellement heureuse... C'est vrai, qu'en l'écart d'un an et demi, vos sentiments sont passés de « supérieurs à l'amitié » à « supérieurs à l'amour », mais cependant, d'un autre point de vue, ils ont agréablement stagné. Il est ta vie, tu es sa vie ; tu le sais, il te l'a dit des centaines de fois.

La guerre n'a pas changé grand chose finalement, mais pourtant, tu persistes à l'idée de garder une forme de malaise en toi. Ce n'est peut-être pas à cause de cela. C'est vrai, beaucoup de choses se sont passées. Tu as fais de nombreuses découvertes, nouvelles, pour le meilleur et pour le pire...

Déjà, tu as découvert sa particularité, son petit truc à lui. Deux ailes. Deux grandes, longues et majestueuses ailes. Tu ne sais pas si elles ont réapparu par la suite mais par contre, tu sais qu'elles sont véritablement réelles. Vous étiez, Lloyd et toi, deux à les voir et à en ressentir les effets. Et aussi, il faut dire qu'après ton coma, tu as appris à différencier les faits vrais des faits faux. C'est vrai, allongée dans ce lit d'hôpital pendant ces deux mois d'après-guerre, entièrement inerte, tu étais en plein bad trip. Pire. Tu n'avais jamais vu cela de ta vie. Il y avait beaucoup de couleurs, oh oui, plein de couleurs, puis tout cela se plongeait souvent dans le noir complet. Tu avais fait des rêves drôlement étranges, aussi. Parfois glauques au point d'en être comiques, ou l'inverse, comiques au point d'en être glauques. Tu te souviens d'une scène en particulier. Une jeune fillette, à l'aube des deux ou trois ans, avec des câbles effroyablement épais qui se plantaient dans sa peau, et faisait pénétrer une sorte de liquide jaunâtre dans ses veines. Elle était debout. Debout, retenue par des barres de fers aux poignets, dans une cage remplie d'eau, ou d'un fluide apparent. Elle ne respirait pas. Ses yeux mi-clos étaient vides de tous sentiments, et ses cheveux d'ébène flottaient lentement aux alentours de ses omoplates. Elle semblait complètement inerte, morte. Devant elle couraient parfois des hommes en blouse blanche, avec un emblème en forme d'ovale sur la manche, sur lequel on pouvait voir clairement les lettres « W » et « H ». Toi, tu étais apeurée. Ta vue était fixe. Tu ne pouvais pas faire le moindre mouvement, car tu te sentais traquée de partout. Puis tu replongeais dans l'obscurité complète. Et soudain, des flashs. Puis des voix, au loin, qui résonnaient dans ton cerveau : « Tu nous manques tous, je te l'ai répété chaque jour non? Il faut que tu te réveilles... Tout le monde t'attend... J'en peux plus... Je vais plus tenir longtemps... Sans toi, je ne sais plus quoi faire. J'ai envie de réentendre ta voix, j'ai envie de te revoir sourire, je déprime chaque jour tu le sais hein? Si tu ne te réveillais pas... Je n'aurais plus aucune raison de vivre... » Poignant. Et si tu ne te réveillais pas ? Tu étais effrayée, tu voulais te réveiller, tu n'y arrivait pas, tu croyais que tu étais définitivement partie. La drogue que l'on t'avait injectée dans le corps pour te maintenir en vie faisait son effet, visiblement.

    - « … Qu'est ce que je fais, moi ? »

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Le Jeudi 24 Décembre 2009, 18 heures et 22 minutes.

Iku tressaillit légèrement, puis soupira. Elle venait encore de se battre mentalement avec sa conscience. Action typique des dépressifs, elle, elle n'aimait pas ça. Avouons-le, elle ne voulait pas s'accepter en tant que dépressive. Mais pourtant, tout son entourage prouvait qu'elle l'était. Et parfois, elle se l'avouait légèrement, comme maintenant, mais chassait tout de suite cette idée de sa tête. Non, elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas trop prendre des complications.
En attendant, elle venait tout juste de sortir de la douche. Ses cheveux noirs tombaient légèrement sur ses épaules, ils avaient eu le temps de sécher aux trois quarts. Était-ce bon pour pouvoir se lisser ? Elle n'en savait trop rien, mais allait essayer. Elle saisit son lisseur déjà chauffé, et commença à se lisser les cheveux, ne redoutant pas trop la brûlure. Elle faisait ça pour les grandes occasions. Il faut dire qu'elle avait l'habitude de se nouer les cheveux en haute queue de cheval et de laisser dépasser deux larges mèches, ce qui lui allait mieux de laisser toute cette touffe à l'air libre... Mais là, elle avait prévu le chignon. C'est vrai, il y avait un bal ce soir. Une fois lissés, ses cheveux lui arrivaient vers la fin des omoplates. Elle se les ébouriffa légèrement, puis commença à les tresser, neutre. Puis, une fois ses cheveux entièrement tressés, elle noua toutes les tresses, au nombre de trois, en un chignon quelle accrocha grâce à un anneau doré, fait pour aller avec les quelques bijoux qu'elle allait enfiler par la suite. Elle dégagea deux mèches lisses, et ébouriffa légèrement sa frange. Ce n'était pas la peine de tout attacher, finalement, elle se trouvait très bien comme ça.

Sauf que quelque chose clochait. Oui. Quelque chose. Fallait-il qu'elle mette du maquillage ? Oui, sûrement, c'était un bal après tout, mais qu'allait-elle faire pour son cache-œil ? C'est sûr. Iku gardait une forme d'espoir. Elle ne voulait définitivement pas s'avouer borgne et ne voulait pas garder ce bandeau toute sa vie. Elle ressentait des picotements dans l'ancien emplacement de son globe oculaire depuis le réveil de son coma, et des fois, pleurait du sang. C'était assez glauque et assez effrayant, mais ça réussissait à maintenir la lueur d'espérance qui brillait en elle. Oui, car c'était beau, d'espérer. Elle s'imagina ceci pendant qu'elle était en train de s'appliquer du fond de teint, puis de la poudre sur son visage, afin de masquer quelques rares impuretés. Alors qu'elle se mettait un far à joue d'une douce couleur rosée, cette pensée lui décocha un léger sourire. Oui, c'était toujours beau, l'espérance. C'était ce qui l'avait maintenue en vie pour la guerre, après tout. La guerre. Son sourire disparu. Son regard s'assombrit. Elle ne voulait pas s'en rappeler.
Elle se souvenait de sa toute fin. Quand ils avaient enfin battu la Minakata, quand tous les ennemis avaient été terrassés ou avaient fuit. Il y eu un silence de quelques secondes, voire quelques minutes, ou même quelques heures -elle avait perdu toute notion du temps, il faut dire. Elle se souvenait clairement du grand bourdonnement qui sifflait dans ses oreilles et de sa grosse migraine qui s'était d'un coup arrêtés, une fois qu'elle compris que tout le monde était fini, battu. Elle était restée silencieuse. Comme toute la foule autour d'elle. De la côte ouest à la côte est. Du nord au sud. Sur toute la totalité des cent quatre vingt trois mètres carrés du territoire, l'île s'était tue.

Puis soudain, la foule s'était éveillée en sursaut.

Tout le monde s'était exclamé, écrié, des cris de victoires. Iku avait suivit. Elle était même l'une des premières. Tout d'abord, un large sourire s'était dessiné sur ses lèvres gercées, son visage déchiré. Elle avait croisé un regard. Deux regards. Puis trois. Son sourire avait été rendu. Ils étaient tous sur la même longueur d'onde. Puis un cri avait retentit, au loin. Cri de gloire. De gloire à Mahora. Un autre y avait répondu. Puis un autre. Puis le sien. Elle avait d'abord hésité, mais y avait répondu directement. Quel bonheur. Les sorts avaient fusés de partout, faisant des feux d'artifices dans le ciel, qui reprenait son habituelle coloration bleue nuit. Oui, la guerre s'était terminée en pleine nuit. Tout le monde y répondait, autant la nature que les humains, les humains que leurs créations, les lames s'entrechoquaient en signe de victoire, comme on entrechoque deux verres à une soirée. Les éclats de rire fusaient en même temps que les sorts des plus grands magiciens du pays, redonnant à Mahora sa beauté d'autrefois. Des feuilles recommençaient à pousser sur les racines des arbres carbonisées qui reprenaient leurs couleurs, se refroidissaient. Un fort vent avait soufflé, d'une douce température, faisait frétiller de partout les arbres et l'herbe qui repoussait sous les pieds de la foule. Les murs se reformaient, encore plus hauts, encore plus résistants, et les vieux morceaux tombaient au sol et s'y éclataient, puis disparaissaient en poussières d'étoiles, dans un bruit cristallin. C'était une véritable symphonie. La symphonie de la liberté. Mais Iku n'avait pas réussit à tenir le coup plus longtemps. Sa vue s'était brouillée et assombrie soudainement. Sa tête avait commencé à tourner, et ses plaies recommençaient à lui faire un mal de chien. Elle était brusquement tombée sur ses deux genoux, et puis, le silence. Elle n'entendit plus rien. Elle voyait clairement les gens s'animer autour d'elle, mais était comme devenue sourde. Les premiers corps commençaient à tomber d'épuisement. Sa lourde paupière s'était refermée, et elle était tombée contre le sol terreux. Tombée dans les bras de Morphée. Pour deux mois.

Elle s'était réveillée fin octobre. Le 24 octobre, précisément. Cela faisait donc maintenant deux mois qu'elle était réveillée. Au début, à son réveil, elle pensait que toute cette guerre, ces blessures, cette apocalypse, n'étaient qu'un vulgaire cauchemar. Elle pensait être encore en plein mois de Juillet. Mais dès que Lloyd, à son chevet, commençait à faire quelques allusions à l'évènement passé, elle tombait en plein doute. Puis elle s'était levée et avait tiré brusquement les rideaux de la fenêtre. Elle avait d'abord cru crier d'effroi en voyant les derniers morceaux d'obus au sol, les arbres à moitié nus, et le reste de leurs feuilles d'une teinte orangée. Puis dès qu'elle avait aperçu distinctement son reflet dans la vitre, elle était tombée évanouie, prise d'une énorme fièvre. Quelques jours après, ont lui dit qu'à la suite de la guerre, elle avait reçu de gros troubles cardio-vasculaire, à cause d'une artère aux alentours du cœur qui avait été transpercée par une lame de dague, et qui s'était mal reformée. Elle pleura à chaudes larmes. Ce fut encore pire quand elle apprit la mort de Yasu.
Petit point fort de cette guerre, quand elle s'était prise la dague, une petite cicatrice s'était formée juste en plein centre de son torse, sous les seins, en plein milieu. Cette cicatrice était en forme d'étoile, c'était sa fierté.

Elle était persuadée qu'en portant la robe qu'on lui avait conçue, elle pourrait la montrer à tout le monde.

En effet, on lui avait confectionné une robe. Enfin, le fils du Roi, alias son ex-petit-ami, Mion, avait insisté pour que son père lui fasse une offre spéciale, à elle et Lloyd. Enfin, ex-petit-ami, elle avait décidé de ne jamais le considérer tel quel, et l'avait toujours caché. Effectivement, elle ne l'avait jamais aimé. Elle avait juste accepté parce que c'était un ami très proche, mais aussi parce qu'elle avait eut peur de sa réaction si elle venait à refuser. Beau, vraiment très beau. De longs cheveux châtains, avec une mèche d'un jaune canari sortant droit de sa tête et tombant sur son œil droit, soit disant naturelle, et une paire d'yeux d'un orange aux reflets miels éclatant. Imbu de sa personne. C'était un homme prétentieux, lâche, paranoïaque et colérique, encore plus avare que Iku elle même. C'était bien le Prince, après tout. Mion le prince. Ça ne sonnait pas trop mal. Harcelé par des groupies de tous les côtés, il ne voyait que les autres filles, comme Iku, par exemple. Il la connaissait depuis son arrivée à la pension. Et après un an d'amitié, il s'était enfin décidé à se déclarer à elle. Elle, faible, n'avait pas pu refuser. Il avait répondu positivement à sa question, après tout. Elle refusait de se faire embrasser sur les lèvres, par contre. Puis elle a rencontré Lloyd, alors qu'elle « sortait » encore avec le prince. Elle n'avait jamais réagit aux charmes et, Lloyd, visiblement, savait comment s'y prendre avec elle. Par la douceur. Iku en était tombée amoureuse bien trop rapidement, et avait oublié Mion, sans trop s'en rendre compte... Elle avait finit par rompre au bout de deux mois avec lui. Une simple histoire d'adolescent, qui n'avait marqué personne. Même pas Mion, doué pour oublier. Il l'avait plutôt bien prit... Et avait commencé à apprécier son rival à sa juste valeur, et à s'en faire un ami. Au jour d'aujourd'hui, deux ans plus tard, il avait quitté l'école, et avait rejoint les rangs princiers, destiné à un avenir brillant. Après la guerre, c'était lui qui avait annoncé à Iku la mort de son meilleur ami, qui était également l'un de ses amis les plus proches. Il avait également laissé couler quelques larmes. Pour la rassurer et tenter de la sortir de sa déprime, et également en remerciement pour avoir combattu à la guerre, il avait demandé à confectionner deux costumes. Une robe, ainsi qu'une multitude de bijoux, et une sorte de costard.

La robe était très osée. Pourtant, Mion avait bien dit qu'il avait entièrement laissé le design aux couturières. Elle était d'une douce couleur bordeaux, mais assez pigmentée et assez foncée. Le tissu ressemblait à de la soie, et la robe entière, enfin du moins son haut, n'était qu'un énorme ruban. Iku saisit la robe et la présenta juste devant elle. Devait-elle la porter, ou pas ? Elle l'avait déjà essayé. Elle était certes très découverte, mais lui donnait une certaine grâce, moulait ses formes à merveilles. Et avec ses cheveux attachés en chignons, comme cela, elle respirait la beauté. De plus, la robe cachait un bon nombre de ses cicatrices, comme si elle avait été faite pour. Elle ne passait pas forcément devant, mais quand on la portait, on ne voyait qu'elle, et pas les imperfections du corps. La robe parfaite, en somme. Enfin, robe, bout de ficelle, plutôt. Iku baissa les yeux, rougit, puis fronça les sourcils et secoua la tête, redoutant un peu la réaction de Lloyd. Qu'allait-il dire ? Qu'elle faisait femme, sûrement. Il allait sûrement devenir écarlate en la voyant. C'était assez prévisible... Il était prévisible, de toute façon.
Elle commença lentement à enfiler la robe. Tout d'abord, elle mit la jupe. Une jupe courte, et fendue sur les côtés, qui lui arrivait au milieu des cuisses, et qui descendait en V sur son bassin. Puis elle prit le ruban qui lui servait de haut, le passa autour de son cou en faisant un petit nœud derrière, le passa sur sa poitrine et l'accrocha en faisant un gros nœud dans son dos. Elle ajusta légèrement le ruban pour vérifier si cela tenait bien, puis enfila un collant noir, un fin bracelet doré sur le poignet, et un autre large sur le bras. Elle attacha un collier de même couleur autour de son cou, afin de masquer d'autres cicatrices. Puis elle remonta légèrement les mains, réajustant son chignon, leva les yeux vers le miroir et...

Le choc.

Elle avait complètement oublié son œil.

C'était ça, de penser à de bonnes choses. Cela faisait totalement oublier la réalité. Elle avait pensé à cette robe, Mion, Lloyd, tout cela, et avait oublié la dure réalité des choses. Tout était revenu en trombe dans son esprit, brusquement, comme une fusée, et cela faisait mal. Très mal. Trop mal.
Iku se crispa brusquement. Une larme écarlate venait de couler de son œil caché. Lentement, elle passa sa main sur sa joue et arrêta la larme, qui finit son chemin sur son annulaire. Puis elle posa ce doigt sur ses lèvres, imitant un rouge à lèvre rouge sang. Ça ne rendait pas trop mal, mais finalement, elle allait plutôt se laisser tenter par un simple gloss légèrement rose... Juste de quoi foncer un peu ses lèvres. Elle passa sa langue dessus afin d'enlever le surplus de sang. Pour les yeux, ou l'œil plutôt, elle allait prendre une simple ombre à paupière marron et beige, ainsi qu'un peu de crayon et de mascara. Ainsi, elle sortit sa vieille trousse de maquillage, qu'elle n'utilisait presque jamais, et commença à s'appliquer un peu d'ombre à paupière sur cet unique œil...

Mais elle fut prise d'une envie soudaine.
Si elle enlevait ce cache-œil, que pourrait-elle voir en dessous ?
Elle n'avait jamais essayé de l'ôter, après tout.

Lentement, très lentement, Iku glissa les doigts derrière son crâne, cherchant à tâtons le fin fil de coton enroulé qui maintenait la compresse en place. Elle inspira un long moment, les mains tremblotantes, qui se rapprochaient doucement de leur proie : le nœud. Elle ferma les yeux, à l'idée de se préparer psychologiquement. Oui, elle était apeurée. Apeurée de voir un énorme trou. Apeurée de voir une déformation. Apeurée de voir quelque chose. Apeurée de ne rien voir du tout, même. Mais pourquoi craignait-t-elle le pire à ce point ? Ses pensées étaient drôlement contradictoires. Elle avait toujours été trop contradictoire, de toute façon. Elle prit lentement le bout du nœud entre deux doigts et tira légèrement dessus. Le cache-oeil ne tint pas plus longtemps. Elle ne fit pas plus de pression, mais il finit par se retirer seul, et tomba au sol dans un petit bruit sourd.

Elle rouvrit lentement les yeux, et se surprit à ébaucher un léger sourire.
Il était revenu.


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Le Jeudi 24 Décembre 2009, 21 heures et 9 minutes.

Ses talons claquaient sur le sol avec une intensité impressionnante. Elle commençait réellement à être en retard. Elle avait donné rendez-vous à quelques amis à la place d'Imata, à vingt et une heure précise, et là, aux alentours de dix minutes passées après l'heure donnée, elle venait tout juste de sortir du bâtiment des dortoirs. Elle se trouvait maintenant dans la cour de l'établissement. Son champ de vision était rendu à zéro à cause de la neige, la nuit qui était tombée depuis quelques heures n'arrangeait rien à sa visibilité, et sa myopie précoce non plus. C'était ça, de s'attarder dans la salle de bain. Iku était restée pendant près d'une heure devant son miroir, à admirer son nouvel œil, émerveillée, rassurée. Elle n'en revenait pas. C'est sûr, ce n'était pas tous les jours qu'une borgne était régénérée de son œil. Identique à l'autre, son iris noisette brillait d'une douce lueur d'ambre, pétillant de malice et d'espièglerie. Ils avaient retrouvé leur éclat d'auparavant. Cela suffisait à Iku pour ressentir un bonheur sans limite, chose qu'elle n'avait pas éprouvé, avouons-le, depuis assez longtemps. Oh, quand Lloyd allait la voir, qu'est ce qu'il allait être heureux. Il allait sûrement ne pas la reconnaître du premier coup d'œil. Habillée et coiffée de cette façon, elle était déjà méconnaissable. Mais alors, quand elle se montrerait avec cet œil gauche qui était censé être disparu à jamais...
Elle s'était décidément attendue au pire, mais elle avait reçu le meilleur. Ce n'était pas qu'un simple coup de chance, non, c'était un miracle. Un véritable miracle. Dès qu'elle avait ôté le bandeau, elle avait sentit un gros poids s'envoler de son cœur. Elle avait frissonné de tout son être, avait sentit son cœur battre dans sa poitrine comme jamais, et était tombée brusquement sur les genoux, incapable de faire le moindre mouvement, toute tremblotante. Elle cru d'abord faire une crise d'hypertension. Puis elle cru avoir une remontée de fièvre, ne comprenant pas ce qu'il se passait réellement. Elle se sentait même prête à appeler les urgences si elle arrivait à faire le mouvement de lever la main pour saisir son portable, laissé sur une commode à moins d'un mètre. Mais non, ce n'était qu'un simple choc. Choc qui avait même eu du mal à arriver à son cerveau, tellement qu'elle ne se rendit compte du fait qu'une bonne vingtaine de minutes plus tard, en lâchant un bref « Il est... Revenu ? » d'un ton tellement bas, qu'il en était presque inaudible. Puis elle avait ébauché un sourire idiot. Jamais, oh non, jamais elle n'avait été aussi heureuse et aussi rassurée depuis la guerre, de résider sur cette île fantastique, où tous les vœux semblaient s'exaucer... Elle était comme sur un petit nuage.

Évidemment, ce n'était pas terminé. Iku allait encore plutôt mal. Mais en plein deuil, elle devenait hyper-sensible à n'importe quoi. Et juste cela avait réussit à la faire oublier son deuil, Yasu, la guerre passée, et ses blessures multiples.

La soirée promettait d'être bonne.

En attendant, elle venait tout juste d'arriver à Imata. Un sac noir sous son bras, et un châle sombre sur les épaules, elle avait combattu contre le froid et la neige qui, une fois arrivée dans le district, avait presque disparu. Un simple effet de magie météorologique. Certes, la neige demeurait toujours. Mais le fond de la température était passé de froid à ambiant, d'environ moins trois à une quinzaine de degrés. En gros, il faisait chaud, mais la neige continuait de tomber sur le sol, et, étrangement, tenait à merveille. Justement, cela émerveilla Iku. Elle avait toujours eu, malgré son apparence mature, une âme d'enfant. Où était le mal, après tout ?
Elle était à une bonne centaine de mètres de la place principale. La route, continuité du hall extérieur de l'école de Mahora, était illuminée de partout de petites lanternes, accrochées aux portes, aux fenêtres des magasins, incrustées dans quelques pavés de la rue piétonne. Ces petites lanternes, des douces couleurs violettes et turquoises, se reflétaient sur les flocons de neige qui tombaient du ciel étoilé et sur le sol enneigé, le tout dans une ambiance féérique. Iku sourit. C'était tout simplement superbe. Elle s'arrêta et inspira un grand coup, et resta comme ceci pendant quelques minutes, ne faisant même pas attention au temps qui passait, et son rendez-vous qui tardait de plus en plus... Mince, son rendez-vous, elle l'avait presque oublié. Elle releva brusquement la tête, ôta son châle, le plia, et le rangea dans son sac, puis fit un petit saut pour se remettre en route, trottinant sur deux ou trois mètres, pour ensuite reprendre une marche rythmée.

En chemin pour la place, elle balança son sac devant elle et l'ouvrit pour y chercher son portable, afin de regarder l'heure. Vingt et une heure, trente deux minutes. Et mince... Elle était vraiment en retard. Ponctuelle, maniaque et perfectionniste sur les bords, elle n'aimait pas trop être en retard à quelconque rendez-vous. Elle n'aimait pas non plus avoir affaire à une personne dans cette situation. C'était pour cette raison qu'elle s'efforçait d'être le plus ponctuelle possible. Disons qu'aujourd'hui, elle avait eu des circonstances atténuantes... C'était bien vrai.
En passant, elle sortit un paquet de cigarettes blondes ainsi qu'un simple briquet. Elle n'avait pas tellement envie de fumer, mais même si la température était ambiante, la neige lui donnait bien des frissons... Et quoi de mieux qu'une bonne clope pour se réchauffer ? Elle avait commencé à fumer juste après la guerre, après son réveil. N'approuvant auparavant pas trop ces modes de cigarettes, joints, drogues et alcools, elle s'était pourtant laissée tentée quand Kuenin et Sanzo, deux surveillants de la pension, lui en avaient proposé une. Sanzo lui avait clairement dit « Je ne fume pas pour mon plaisir, je fume pour oublier. ». Et ça, c'était bien vrai. Un peu dangereux pour ses problèmes cardiaques, certes, mais moins dangereux que de l'alcool. Pourtant, ça marchait comme une bonne bouteille de vin blanc. Ce n'était pas très bon, mais ça calmait. Et après, on en devenait complètement dépendant. Mais pourtant, Iku n'était pas trop du genre à s'adonner à certaines choses. A part à l'amour... Elle était bien dépendante à Lloyd, même si ça ne se voyait pas trop, après tout... Oui, dépendante de ses paroles rassurantes, de ses paroles d'amour, de petites taquineries parfois. Dépendante de ses baisers, sur les lèvres, sur les joues, dans le creux du cou. Oui, elle était totalement accro. Elle aimait être bien calée contre lui, la tête contre son torse, pour écouter les battements de son cœur, en rythme avec les siens. Elle aimait sentir ses lèvres, le contact de sa peau contre la sienne, ses bras enroulant ses hanches, sa taille, son cou ou ses épaules. Elle l'aimait. Oui, elle l'aimait, tout simplement.
Justement, Lloyd, où était-il ? Elle n'avait pas eu de nouvelles de lui depuis la veille. Elle n'avait pas revu son costume en rentrant dans la chambre... Peut-être s'était-il préparé avant qu'elle rentre, et qu'il était partit rejoindre ses amis juste avant la tombée de la nuit ? Oui, sûrement... Iku aurait bien aimé aller au bal avec lui. Mais elle avait d'autres choses à faire. Elle n'avait même pas prévu d'y aller, finalement. Elle lui avait dit. « Je n'irais pas au bal. » clairement, brièvement, d'un ton froid. Si il venait à l'apercevoir, il n'allait pas la reconnaître, et allait passer son chemin. Mais si il venait à la reconnaître, quelle serait sa réaction ? Bien qu'il soit prévisible, elle n'arrivait vraiment pas à le cerner, là. Elle n'avait jamais eu affaire à ce genre de cas, après tout.

Iku était désormais arrivée en plein centre de la place, mais sans trop le remarquer. Plongée dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué le poteau tout enguirlandé qui se dressait juste en face elle, et dont elle se rapprochait dangereusement. A deux doigts de se le prendre en plein visage, elle s'immobilisa brusquement. Là, elle avait eu peur. Encore un peu sonnée, elle posa la main sur son front pâle, ferma les yeux, se retourna légèrement, puis rouvrit les yeux. Et là, explosion de toutes parts. Elle n'avait pas remarqué la beauté de l'emplacement. Remplie de couples dansant la valse, sous des airs de musiques classiques, joués par un orchestre un peu plus loin et parfois chantés, l'animation de la fête était à son comble. La place resplendissait. Tout était illuminé, l'air sentait bon le sucre, et une aura de bonheur se voyait dans le ciel rempli d'étoiles. Les gens étaient tous beaux. Parfois avec des cicatrices, un plâtre au bras ou à la jambe, mais ils étaient tous beaux, avec leurs sourires éclatants, et leurs beaux costumes ou robes de soirée. Iku, elle aussi, était heureuse. Tous, incluant elle, avaient oublié la guerre pour un jour, pour une nuit. C'était Noël, après tout. Noël, fête pas très populaire sur le continent, au Japon, l'était pourtant sur Mahora, grâce aux nombreuses légendes qui y étaient liées. Noël, sur l'île, était une fête d'offrandes. On se faisait des cadeaux, on en recevait. Le sac de Iku était bourré de cadeaux, débordant presque. Le plus gros était pour Lloyd, évidemment. Hésitant à plusieurs reprises, elle lui avait d'abord offert une paire d'épées qui avaient été forgées par elle même. A cause d'une petite embrouille, elle avait du lui offrir plus tôt que la date prévue. En guise d'excuse, elle avait finalement choisit de faire une sorte d'album photo comportant des photos d'eux et quelques textes écrits par ses soins. D'un côté, elle était assez gênée de lui offrir un second cadeau aussi modeste. Mais de l'autre, elle était persuadée que cela allait lui plaire.

Tournant la tête, elle reconnu, à côté des buffets, quelques gens de sa classe. Ce fut limite un miracle de les reconnaître parmi toute cette foule. Elle se retourna, s'apprêtant à les rejoindre. Mais c'est alors que, commençant à marcher vers eux, son épaule percuta brusquement celle de quelqu'un. Alertée, Iku se retourna. Elle reconnu immédiatement cette personne. Cheveux châtains en piques, visage ovale, grands yeux écarlates, et un costume d'un blanc pur.

Elle cru que son cœur allait s'arrêter.
    - « Oh, Lloyd.... »

Un léger sourire s'afficha sur ses lèvres rosées.
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Lloyd Irving
Chose en rouge/Amoureux d'une tsundere, donc masochiste. Cela va de soi :D.
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Feuille de personnage
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MessageSujet: Re: Le temps d'un sourire.   Le temps d'un sourire. Icon_minitimeMer 7 Avr - 20:41

«  Joyeux Noël !
Surtout, profitez bien de ce Noël, qui est, comme chaque année, UNIQUE à Mahora !
Rendez-vous à la place d’Imata dès 21h  le 24 décembre!
En vous souhaitant une agréable soirée,
Le comité de fête de Mahora. »

Il froissa le papier aux couleurs d’or et le jeta contre un mur, accélérant sa marche.
Ces prospectus s’étaient répandus par dizaines, par centaines dans les couloirs espacés de la pension. Tout le monde ne parlait plus que de ça. Les plus jeunes cherchaient désespérément un cavalier, d’autres s’inquiétaient quant à la reconstruction de Mahora. Et enfin, les plus scientifiques et mathématiques d’entre eux se préoccupaient du budget nécessaire à toute l’organisation du bal en question. Lloyd ? Après avoir, en toute modestie, repoussé quelques invitations, évité les sujets déprimants ou chiffrés, s’était concentré sur une seule et unique chose :

Iku Samuro.

Les battements de son cœur s’accélérèrent, tandis qu’il jeta un coup d’œil à sa montre. 21h. Non. 21h18. Il était en retard, c’est ça ? Pourquoi est-ce que ça se passait toujours comme ça ?
Un soupir, une petite glissade sur le sol fraîchement ciré et quelques gouttes de sueur plus tard, Lloyd continua à s’avancer dans les couloirs, complètement désespéré. Son costume était déjà enfilé, ses cheveux étaient dressés vers le plafond et son exsphère brillait de mille feux. Une écharpe à l’allure étrange était également nouée autour de son cou, elle était si longue qu’elle touchait presque le parquet aux couleurs mielleuses. Dans ces moments là, il se sentait seul, un peu trop seul… Extrêmement seul. Il n’avait pas tort : à cette heure-ci, plus personne ne se trouvait dans les couloirs sombres et étroits de cette charmante pension. Ils étaient tous partis fêter Noël. Dansant et riant gaiement. Alors pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas le droit ? La réponse se trouvait autour de son cou. Cette longue écharpe rouge bordeaux lui avait posé plus de problèmes que prévus, cela avait débuté lors d’une discussion passionnante entre lui et une amie.

Il s’en souvenait comme si c’était hier. C’était un jour comme un autre. À la pause du midi, il s’était comme tous les jours assis à la même table, à la même place et avec, à quelques sauces et épices près, le même plat et les mêmes gens autour de lui. À la seule différence qu’à sa table ne se trouvait pas sa chère et tendre. Entre autre la jeune et jolie Iku, avec qui il partageait la même passion, la même chambre et le même lit. Bref, à sa place, on apercevait une jeune fille aux doux cheveux châtains, qui adorait charrier, torturer d’une quelconque manière le pur et innocent Lloyd Irving. Bien sûr, tout cela dans une amitié saine et sans méchanceté.
    - « Qu’est-ce que tu as prévu pour Noël ?
    - … Il y a un bal, non ? Je vais sûrement y aller. »
    Il haussa les épaules, l’air peu intéressé. Non, honnêtement, il avait autant envie d’aller s’amuser à ce genre de fête que d’être un pingouin acrobate doublé d’un taxidermiste dansant la polka dans un amphithéâtre. Après avoir expliqué en détail cette image poétique à son amie, elle soupira en saisissant entre ses baguettes quelques nouilles.
    - « T’as une petite amie non ? Tu veux pas y aller avec elle ?
    - S-Si évidemment ! Enfin… »
    Il hésita quelques secondes, portant à ses lèvres son verre d’eau. Au même moment, le garçon se trouvant à sa gauche en profita pour faire une blague de très mauvais goût sur le physique charmant d’Iku. Lloyd manqua de s’étouffer, et reposa le verre, reprenant son sérieux.
    « H-Hrm… C-C’est que… Vu ce qu’elle m’a dit… Enfin, ça la tente pas d’y aller c’est tout ! »

Il fronça un sourcil, fixant d’un air mauvais son bol de riz. Oui, il se souvenait très clairement de ses mots. « Je n’irais pas au bal. » Les préparations avaient à peine commencé que sa décision était prise. Elle ne voulait pas aller s’amuser. Pas avec cet « œil » là. Ah ça oui, elle en avait parlé, et pas qu’une fois. Son visage n’était plus le même visiblement. Ses traits, son sourire, son corps, rien. Rien n’était plus pareil.
Il n’en croyait pas un mot.
Évidemment, toute cette guerre, elle avait changé plus d’une personne. Il appelait ça « La Maladie de la Déprime Guerrière ». Iku avait radicalement changé. Elle avait commencé à fumer, à sortir tard le soir. À ne pas revenir de la nuit, pour des raisons plus ou moins mystérieuses. Elle pleurait aussi. Tellement souvent que ses yeux, ou devrait-on dire son œil, autrefois d’une couleur aussi douce que les marrons de l’automne était devenu aussi lourd et froid qu’une enclume en plein hiver. Sa peau s’était creusée. Est-ce qu’elle mangeait assez ? Peut-être avait-elle entamée un régime ? Toutes ses questions restaient sans réponses. Il ne pouvait pas lui en vouloir... Car lui aussi avait craqué. Les disputes étaient de plus en plus présentes, et de nombreuses crises les frappaient parfois. Querelles, fausses séparations, déprimes… Ces mois là avaient été plus durs à vivre que ceux qui les précédaient. Heureusement, ils n’étaient pas les seuls. Le moindre sourire esquissé sur cette île était forcé. Personne n’avait manifesté un véritable rire depuis ce jour. La population mahorienne devait sûrement subir de nombreuses séquelles provenant de la guerre.

Même ceux autour de lui, derrière ces rires et ces plaisanteries, on sentait comme une oppression terrible au-dessus d'eux. Ils avaient tous peur que la tragédie se produise une nouvelle fois. Une vengeance peut-être des prochains WH ? Ils le pensaient tous, mais aucun n’osait l’avouer. Lloyd n’échappait pas à cette règle, et continuait à sourire tout en dégustant son plat. Il était totalement perdu dans ses pensées, pensant à Iku, et à Iku… Et encore à elle…

Une main sur son épaule le ramena à la réalité.
Son amie lui souriait gentiment, puis fronça les sourcils, les bras croisés sur sa poitrine.
    « Eh ! Ça va pas non ?! T’arrêtes pas de nous parler de Samuro ! Tu dis tout le temps que tu veux lui remonter le moral, la faire sourire… T’es idiot ou quoi ? Tout ce qu’elle veut c’est que tu l’emmènes au bal ! Et en prime avec un bon cadeau de Noël ! »
    Elle s’approchait au fur et à mesure de lui, pointant son visage du doigt. Il fixa son index, clignant des yeux. Il n’osa rien dire évidemment. Iku n’avait pas envie d’y aller. Impossible. Elle ne mentait jamais sur ce genre de chose non ?
    « Tu as une idée de cadeau pour elle, pas vrai ? »
    Il secoua la tête. Où voulait-elle en venir ? Évidemment qu’il n’en avait aucune idée ! Pas pour le moment en tout cas… Son amie lui sourit à nouveau, le frappant gentiment sur le front.
    « T’es bête ! Si tu veux lui faire plaisir… Au lieu de lui acheter un truc comme d’hab’, fais un truc toi-même ! Démerde-toi un peu ! »
    Il la fixa, incrédule. Il ne comprenait strictement rien. Iku aimait tout ses cadeaux, sans exception, pourquoi changer juste pour Noël ? De plus, comment « faire un truc soi-même » ? Il devait lui construire une cabane à oiseaux ?
    « É-Écoute, le prends pas mal mais… Je ne vois vraiment, mais vraiment pas de quoi tu parles ! »
    Elle le frappa à nouveau sur le front.
    « Le cadeau idiot ! Tu sais, plus du temps tu passeras à y réfléchir, plus elle l’appréciera. C’est un conseil hein. Je sais pas… Tu sais bricoler ? »
    Il secoua la tête. Ses notes étaient si désastreuses qu’il ne souhaitait même pas les évoquer dans une discussion pareille.
    « Oh ! » Elle le saisit par le col, approchant son visage à deux millimètres du sien.
    « Putain je sais ! Ah, je suis trop forte ! Tu sais tricoter ?! »
    Il secoua vivement la tête, mort de peur.
    « Elle va adorer ! Ah ! Tu sais pas tricoter ? On s’en fout ! Je t’apprendrai ! Tu vas lui faire une écharpe ! Des gants, ce que tu veux ! Tu vas tricoter un truc ! »
    Il la fixa, haussant un sourcil. Il n’avait rien dit, elle avait tout décidé, sans même lui demander son avis.


Ainsi commença un défi qu’il croyait impossible à relever.

Quelques jours plus tard, ils s’étaient retrouvés dans sa chambre, discutant du cadeau. Après de nombreuses, trop nombreuses minutes de réflexion, le but était pour l’instant fixé sur une écharpe. Visiblement, c’était le plus simple pour commencer et vu que Lloyd était aussi « habile qu’un rhinocéros avec des gants de box ». D’après elle, c’était la solution la plus rapide. Après avoir acheté tout le matériel nécessaire, c’est-à-dire : aiguilles, laines, encore de la laine, et quelques fils pour broder ainsi qu’un livre « Tricoter pour les nuls », à mettre entre toutes les mains ! Il était enfin prêt à débuter son stage intensif. Elle avait été très claire, tous les soirs sans exception de 19h à 19h30. Aux premiers jours, elle était obligée de lui tenir ses mains pour éviter qu’il ne fasse n’importe quoi. Peu à peu, et tout cela dans la plus grande discrétion, il commença à faire un minuscule bout d’écharpe rouge… Le 15 décembre.
En effet, c’était impossible pour lui de finir entièrement l’écharpe dans les 10 jours suivant. Son amie passa plusieurs nuits à tricoter à sa place le cadeau réservé à Iku, et sans que Lloyd ne soit au courant, puisqu’il ne savait que dormir sans arrêt. À chacun de ses réveils, il trouvait… « Étonnant » d’avoir autant avancé en à peine une demi-heure. Sans se douter de rien, il continua son travail jusqu’à la date fatidique, le 24 décembre évidemment.

24 décembre, 17h58

Elle n’avait pas arrêté de lui parler du bal, encore et encore. Lui répétant qu’il avait intérêt à être parfait, à ne pas faire de conneries et à refaire sourire Iku. Elle avait insisté pour l’aider à se préparer, malgré ses râlements constants.
    - « Mais je te dis que c’est bon !
    - NON ! C’est mal boutonné ! »

Elle s’approcha de lui et reboutonna son costume, le sourire aux lèvres. Il soupira, détournant les yeux. Si elle n’avait pas 17 ans, il se serait cru avec sa mère qui préparerait son fils pour sa première remise de diplôme. Il avait fait exprès de se préparer tôt. Très tôt. 18h pile. Non, en fait, c’était encore elle qui avait insisté. Elle ne voulait surtout pas qu’il soit en retard. Il paraît que c’est « malpoli de faire attendre une fille ». Mais après tout, il ne s’était même pas donné rendez-vous avec Iku. Il n’avait plus parlé du bal depuis ce jour. Il avait vraiment envie de se dire « À quoi bon ? » mais il avait peur de se prendre une baffe par celle qui, à présent, nettoyait ses chaussures.
« Je veux que tu sois parfait ! »
Il souffla à nouveau et s’assit sur le lit. C’était trop tôt pour aller au bal de toute façon. Son costume allait le serrer durant tout ce temps ? Oui, c’est vrai, il était magnifique. Et ce n’était pas un simple cadeau qu’on lui avait fait. Cependant, il l’avait trouvé un poil trop voyant. Le blanc cassé allait sûrement ressortir dans la nuit noire, et ça allait attirer un peu, beaucoup trop de regards. D’ailleurs, il n’avait pas vu la robe d’Iku, mais il était pratiquement sûr qu’elle devait être toute aussi voyante. Elle ne s’était sûrement pas déjà préparée, car la salle de bain était encore dans un état convenable. Il sourit, passant sa main dans ses cheveux.
    « Ah ! Tes cheveux, j’ai failli oublier ! »
    Elle s’approcha à nouveau de lui et posa sa main sur sa tête.
    « … J’imagine qu’on peut VRAIMENT rien y faire ? »
    Il rit doucement.
    « Non, rien du tout. »
    Il saisit doucement son poignet et dégagea sa main. Eh oui, il n’y avait qu’Iku qui pouvait lui caresser les cheveux, personne d’autre. Il se leva et s’étira, un peu ennuyé d’être déjà prêt.
    - « E-Eh ! Attends, pas si vite ! Tu t’es parfumé ? T’as mis du déo ? Tu t’es rasé ? T’as mis un caleçon propre ?
    - T-Tu dis n’importe quoi hein ! »


Ils rirent en cœur, souriants. Il recula et saisit entre ses doigts l’écharpe. Elle était enfin prête. À vrai dire, elle n’avait rien de spécial, mais jamais il n’aurait cru que tricoter était aussi dur ! Surtout pour lui en fait. Il avait tout de même du utilisé trois énormes pelotes de laine pour pouvoir la finir. Le magasin était en rupture de stock un moment donné, une vraie catastrophe. C’était juste une écharpe rouge, qui faisait plus de 2 mètres de longueur. Il en était vraiment fier. Soudain, son amie se dirigea vers la porte.
« Bon, je te dis bonne chance ! Moi je vais y aller ! Tu ferais mieux de partir de la chambre toi aussi, il faudrait pas que Samuro te voie avant l’heure ! » Elle lui adressa un dernier sourire avant de sortir.

Il soupira, enfin seul. Toute cette pression l’avait fatigué.
D’un pas lent, il se laissa tomber sur le canapé, l’écharpe nouée délicatement autour de son propre cou. Il enfoui sa tête dedans, imaginant déjà leurs futures promenades : tout deux se tenant amoureusement la main, souriants, et le tissu rouge liant leur amour pour l’éternité. Un sourire béat, un peu niais, se dessina sur ses lèvres fines. Il avait déjà de nombreuses fois rêvé d’Iku, de son sourire, de leur futur ensemble… Oui, leur avenir. Leur bonheur à tous les deux. Il a failli y douter il y a quelques mois à peine. Lorsqu’ils s’étaient brutalement éloignés. Il croyait dur comme fer que cette soudaine paranoïa avait pour cause la guerre. Il blâmait sans le moindre doute la guerre. Oui, toujours et encore la guerre. Elle avait gâché sa vie. Elle s’en était prise à lui sans raison. Beaucoup de personnes ont perdu des êtres chers. D’autres ont perdu leur maison, leurs biens…
Certains ont égaré un bras, une jambe…
Un œil.

Il se redressa brusquement, couvert de sueur et essoufflé. Il y a quelques minutes à peine, Lloyd était allongé sur le sofa, les yeux fermés et bavant sur le cadeau destiné à celle qu’il aimait. Il essuya du mieux qu’il pouvait la tache grossière apparue sur celle-ci. Comment avait-il pu s’endormir dans un moment pareil ? Alerté, il releva la tête et sortit rapidement son portable de sa poche. 18h20. Il s’était donc endormi durant 20 minutes. Il se rappela soudainement le rappel de son coach de tricot : « Iku va arriver d’une minute à l’autre, attention ! »… Entre autre. Si elle le voyait avec cette écharpe d’idiot, il était bon pour des explications interminables. Sans hésitation, il bondit du canapé, fit un pas en avant et trébucha sur le tapis. Il se releva sur-le-champ, les pieds emmêlés dans l’écharpe. Il sortit in extremis de la chambre et courut maladroitement vers la pièce la plus proche, les toilettes à vrai dire. Au même moment, une adolescente aux cheveux bruns épais se trouvait à quelques mètres de la pièce en question. Plaqué contre la porte des cabinets, il entendit très clairement ses pas qui s’avançaient vers la chambre puis perçut distinctement une porte claquer. Il soupira de soulagement et se mit en face du miroir, fixant d’un drôle d’air ses cheveux ébouriffés.
Ses joues rouges lui donnaient l’impression d’être alcoolique, et ses épis partaient dans toutes les directions possibles. Il fronça les sourcils et aplatit le plus possible ses mèches rebelles. Si sa camarade le voyait, elle exploserait de rage et couperait tous ses cheveux en un temps record. Rien qu’y penser le faisait frémir d’horreur. Il en était sûr, c’était Iku qui venait de passer. Elle allait dans leur chambre, sans aucun doute. Il croisa instinctivement les doigts, priant pour qu’elle se change, afin d’aller au bal, d’aller au bal avec lui…
Il resta en extase quelques secondes, l’imaginant dans une robe merveilleuse, dansant un slow avec un jeune homme en costume, qui n’était autre que lui-même.
Il secoua la tête, les joues rouges. Il sortit de sa poche une liste des choses à faire, confectionnée par sa fidèle amie qui s’occupait un peu trop de ce qui ne la regardait pas. Il la fixa attentivement, commençant par le haut. « S’habiller. » Il sourit, hochant de la tête. C’était la seule chose qui lui semblait parfaite. Il se trouvait, honnêtement, magnifique. « L’écharpe est prête ? » Il prit doucement la laine entre ses doigts. Eh bien, certains fils partaient dans tous les sens, et si on faisait n’importe quoi avec, elle ne finirait qu’en un énorme tas de lambeaux. Certes, elle était très fragile, mais très attachante, comme un nouveau-né. « Cadeau supplémentaire, voir au verso. » Cadeau supplémentaire ? Il n’en avait jamais entendu parler. Et puis c’était un peu tard non ? Iku n’aura qu’à se contenter de ce qu’elle aura ! Il sourit, fier, puis retourna par curiosité la feuille. « DÉBROUILLE-TOI ! Trouve lui un autre cadeau sinon je te massacre demain. » Il déglutit, effrayé tout en étant troublé à la fois. Apparemment, il n’avait pas d’autres choix. Il devait absolument trouver un autre présent à lui offrir… Sa vie en dépendait après tout.

Un flash-back lui revint immédiatement à l’esprit. C’était il y a longtemps… Très longtemps. Environ deux ans même. Il avait passé la journée avec Iku, mais ils n’étaient pas encore ensemble s’il se souvient bien. Après s’être amusé tout une après-midi avec elle, il lui avait acheté un cadeau… Mais qu’est-ce que c’était déjà… Sa mémoire lui jouait des tours même maintenant. Il frappa du pied, agacé. Si seulement il pouvait s’en souvenir. Tout ce qu’il revoyait clairement, c’était le sourire qui s’était affiché sur son visage, aussitôt après lui avoir offert ce fameux don. Il soupira une bonne fois pour toute et ferma les yeux, essayant désespérément de se souvenir de ce cadeau magique, qui la ferait sourire. Lentement, il se retourna et se frappa la tête contre la porte des cabinets, poussant plusieurs jurons. Au bout de quelques minutes, il recula et passa une main sur son front rouge. Il jeta un coup d’œil furtif à la porte, sur laquelle était gravée au compas :
    « Rose, si tu lis ça, je t’aime. »
    Il cligna des yeux, puis fixa d’un air dubitatif le prénom Rose. Il murmura plusieurs fois ce nom puis s’exclama, aux anges :
    « C’EST ÇA ! »
    On entendit une chasse d’eau, puis une jeune fille sortir d’un des cabinets et hurler de peur, absolument choquée.
    - « HIIII UN GARÇON !
    - H-Hein ?... »
    Oups. La fille, qui semblait un peu plus jeune que lui, le rua de coups avant de s’enfuir en pleurant. Lloyd tenta tant bien que mal de se protéger puis sortit également, interloqué.


Sur la porte menant aux lavabos et autres arborait distinctement une image simpliste d’une petite fille.

Lloyd avait passé la porte de la pension, puis il avait parcouru tout le centre-ville, à la recherche d’un unique fleuriste encore ouvert. Au bout d’une heure très exactement, il s’était retrouvé avec un « bouquet » à peu prêt convenable. Comprenez par là un lys d'un blanc pur ainsi qu’une rose légèrement grisée. Il glissa tout cela dans une des poches de sa veste puis redressa la tête, fier comme un coq. Il savait décidément gérer n’importe quelle situation. Il reprit lentement sa respiration et jeta un œil à sa montre accrochée à son poignet : 19h45. « Parfait. » se dit-il. Il avait même le temps de faire une petite sieste, afin de profiter pleinement des festivités. Il bâilla, feignant de se décrocher la mâchoire, puis se dirigea sereinement vers la pension.

Arrivé devant le hall, il sortit à nouveau sa « To do list » et la retourna dans tous les sens. Visiblement, il n’avait rien oublié. Il soupira de soulagement et s’apprêta à froisser le papier lorsqu’il aperçut une dernière inscription, écrite à la va vite dans le coin supérieur de la feuille. Il se gratta la tête, surpris, et lut hâtivement sa dernière tâche :
« Viens me voir vers 20h. C’est pour ton écharpe ! »
Il sourit légèrement. C’était bien son genre de faire les choses à la dernière minute, comme lui finalement. Commençant à prendre froid dans son costume, il courut jusqu’aux dortoirs et frappa trois petits coups contre la porte de son hôte.
    «Entrez. »
    Sa voix était sèche et un peu froide, mais il n’y fit pas vraiment attention et ouvrit la porte.
    Il la vit assise sur son lit, les jambes en tailleur et ses grands yeux bleus le fixant de toute leur intensité. Elle lui fit signe de s’approcher. Il s’assit à côté d’elle et retira prudemment l’écharpe autour de son cou.
    « Alors ? Tu voulais faire quoi ? »
    Elle resta muette quelques secondes, gardant ses pupilles rivées sur Lloyd, observant les moindres détails, le moindre bouton mit de travers et ainsi de suite. Gêné par ce silence, il toussota et lui tendit l’écharpe.
    - « D-Donc… ? Y a quelque chose qui cloche avec l’é-…
    - Tais-toi. »

Elle lui avait coupé la parole. Silence. Rapidement, elle saisit l’écharpe et passa sa main dessus, refermant ses paupières. Lloyd se contenta de l’observer, haussant à tour de rôle chacun de ses sourcils. Du bout de ses doigts s’échappait une lueur claire qui semblait être aspirée par l’écharpe. Puis, elle se servit de son index comme d’un stylo et « écrivit » sur l’écharpe, écrivant respectivement les lettres L et I, ainsi qu’un cœur liant ces deux initiales. Elle sourit et admira son travail : l’écharpe était identique, à un ou deux détails prêt. Ce qu’elle avait écrit éclatait d’une blancheur impressionnante, contrastant avec le reste de l’écharpe.
Elle se racla la gorge et tourna enfin la tête vers Lloyd, qui fixait toujours l’écharpe, impressionné.
    « Je n’ai pas fait qu’écrire vos initiales ! J’ai donné une autre particularité à ce tas de laine. »
    Elle s’arrêta quelques secondes, voulant peut-être préserver le suspense.
    « Tu n’as pas donné rendez-vous à Samuro, pas vrai ? Alors ça devrait t’aider… » Elle désigna du doigt les lettres. « Lorsque tu seras proche d’elle. Les initiales scintilleront. Plus ils scintillent, plus tu seras proche d’elle. Ça sera plus facile de la retrouver comme ça ! »
    Il resta silencieux et prit à nouveau l’écharpe entre ses doigts, comme si elle était extrêmement fragile. Il déglutit et leva timidement les yeux vers elle.
    « M-Merci beaucoup. »
    Elle le fixa, incrédule, puis éclata de rire.
    « Allez, allez ! Dépêche-toi d’aller la rejoindre ! Le bal a lieu sur la place d’Imata ! Tu veux pas que je t’accompagne quand même ? Sois un homme un peu ! »
    Elle lui donna amicalement une tape dans le dos et se leva, bâillant.
    « Je ferais bien une petite sieste moi en tout cas ! »
    Lloyd sourit et se leva également, passant l’écharpe autour de son cou. Sans elle, il n’aurait jamais pu préparer cette soirée correctement. Il devait absolument la remercier comme il se le doit.
    « Encore merci. Je suis sûr que je vais passer une super soirée ! » Il lui ébouriffa amicalement les cheveux puis sortit, se dirigeant vers la chambre. C’était la dernière ligne droite. Il ne lui restait plus qu’à se parfumer à nouveau et attendre l’heure fatidique. Il partirait 10 minutes en avance, pour arriver pile à l’heure, et retrouver grâce à son écharpe « magique » sa bien-aimée. Il entra dans la chambre et soupira, commençant déjà à être fatigué. Il se frotta vivement les yeux et se dirigea d’un pas lent vers la salle de bain, ne se doutant même pas qu’il pouvait croiser Iku.

Se retrouvant devant le miroir, il saisit un flacon et recouvrit son cou de quelques gouttes de parfum. C’était son préféré. Son arôme emplit ses narines. Une odeur relaxante de pin, de noisette, de réconfort. Iku l’adorerait, sans aucun doute. Immergé dans ses pensées, il renversa par mégarde la boîte de coton-tige dont le contenu s’étala sur le carrelage froid. Il se baissa immédiatement, ramassant un à un chaque bâton. Son regard finit par se poser sur un tissu clair, fin, déposé délicatement sur le sol. Accroupi, il s’avança à quatre pattes vers l’objet inconnu, le prit entre ses doigts et l’examina sous tous les angles. Il laissa échapper un cri de surprise lorsqu’il se rendit compte de l’identité du tissu. Il l’avait déjà rencontré plusieurs fois auparavant… Sur le visage d’Iku. Oui, c’est ce qui lui servait de cache-œil. Mais alors, que faisait-il sur le sol ? Peut-être l’avait-elle changé ? C’était peu probable, vu qu’elle faisait tout pour oublier l’existence même de ce cache-œil, et qu’il ne l’avait jamais vu sans depuis ce jour. Il se redressa et posa le cache-œil sur une commode, perplexe. Il resta immobile plusieurs secondes, l’air vaguement pensif. Soudain, il sursauta, clignant des yeux. Une hypothèse inquiétante lui était venue à l’esprit : et si elle l’avait… Enlevé, oublié ?... Cela serait dingue, incroyable, impossible même… Pourquoi aurait-elle fait ça ?
Il passa sa main tremblante sur son front. Comment devait-il comprendre ça ? Il recula de plusieurs pas, jusqu’à finir par sortir de la salle de bain et atterrir sur le canapé de la chambre.
Un mal de tête épouvantable se fit ressentir aux extrémités de son crâne. Perturbé, il s’allongea sur le sofa, massant son front en sueur. La respiration haletante, il finit par fermer les yeux, et s’envoler aux pays des rêves.

Une heure s’écoula. Mais lorsque Lloyd ouvrit les yeux, il eut l’impression que quelques minutes seulement s’étaient paisiblement écoulées. Ainsi, l’air serein, il jeta un œil à l’heure, et faillit être atteint d’une crise cardiaque. 21h15. 15 minutes de retard. Une heure passée à roupiller, rêvant ici et là de marshmallow et autre confiserie. Il se leva et se dirigea immédiatement vers la porte, tâtonnant sur son costume les différents objets indispensable à la soirée. Les fleurs, légèrement froissées, se trouvaient toujours dans sa poche, et l’écharpe toujours autour de son cou. Il soupira de soulagement, tout se trouvait bel et bien à sa place respective. Il prit ses jambes à son cou et se dirigea vers la place Imata à toute vitesse, trébuchant et manquant de se prendre des murs plusieurs fois de suite.

Arrivé à la place, il était essoufflé. Son coeur battait à cent à l'heure et son costume l'étouffait. Il tourna la tête de droite à gauche, faisant enfin attention à ce qui se passait autour de lui. Le bonheur, le rire, les lumières colorées semblaient être un nouveau ciel, sous lequel les pensionnaires dansaient et souriaient sans retenue. Lloyd s'appuya contre un poteau, le souffle coupé. Il esquissa un sourire, impressionné par cette exaltation qui se dégageait de cet endroit. Il passa rapidement sa main dans ses cheveux, qui pointait d'une manière irréelle les étoiles éclatantes au-dessus de la foule. Hypnotisé par cette beauté, il ferma doucement les yeux et inspira un grand coup. Cette odeur lui rappelait l'ancien Mahora. Celui qu'il avait connu deux ans auparavant. Comme quoi, tout pouvait redevenir comme avant, il suffisait que chacun y remette un peu du sien. Il bâilla pour la énième fois et enfouit son menton glacé dans l'écharpe, qui brillait de mille feux. La lumière produite l'éblouit, et, les yeux mi-clos, il se rappela peu à peu ce que cela signifiait.
Il eut pour réflexe de bondir sur place, cherchant de tous les côtés Iku. Vu la lueur créée par les lettres, elle ne devait se trouver qu'à quelques mètres. Il était impensable qu'il la rate. Inquiet de ne finalement pas la croiser, il se mit à courir dans tous les sens, bousculant plusieurs couples. Et s'il avait fait tout ça pour rien? Les fleurs, l'écharpe, le parfum, ses dents parfaitement blanches et son haleine qui rappelait le parfum délicat d'une rose pleinement épanouie, tout cela aurait-il pu ne servir à rien? Il se sentit trembler légèrement, serrant les dents. Il accéléra sa marche et finit par bousculer violemment quelqu'un. Il s'arrêta, un peu sonné. Ce n'était pas du tout le moment! Il devait trouver sa Iku le plus vite possible. Il ne prit même pas la peine de tourner la tête et se pencha légèrement en avant, s'excusant d'une voix presque inaudible.

Une voix qu'il reconnaîtrait parmi des centaines se fit entendre.

Il leva la tête, et la vit enfin.

C'était une jeune fille aux joues rosées. Ses collants moulaient ses jambes gracieuses, et son ruban couvrait uniquement les trois quart de sa poitrine. Mais tout cela ne furent que quelques détails, car ce qui lui sauta aux yeux, ce fut ces deux pupilles, qui le fixaient intensément. Ces deux yeux étaient présents. Aucun cache. Pas le moindre défaut sur son visage clair.
Il resta muet, un sourcil froncé, et les lèvres en position de demi-sourire. Il s'en était légèrement douté, mais pas au point de le voir en vrai. Que son oeil était réellement revenu, qu'un miracle s'était produit, comme par hasard le jour de bal. Gêné, il enfouit encore son menton dans l'écharpe éclatante de blancheur. Il devrait au moins lui dire « Bonsoir » non? Alors pourquoi se taisait-il? En vérité, il rougissait au fil des secondes, et devint quasi cramoisi, ce qui l'embarrassa encore plus. Si seulement elle n'avait pas porté quelque chose d'aussi... Découvert. Il lui aurait sûrement déjà adressé la parole. Entre ses deux yeux et son décolleté, il ne savait plus où poser son regard. Il se racla la gorge, tout en tirant légèrement sur l'écharpe, qui lui tenait soudainement beaucoup trop chaud.
    « … Iku... » Il déglutit, rougissant à nouveau. « … O-Ouah.  T-T-Tes yeux... T-Ton oeil je veux dire... I-Il est revenu... »
    Il rit nerveusement, puis s'approcha d'elle, légèrement plus détendu.
    « Tu es magnifique. »
    Ses joues étaient si rouges et il avait si chaud qu'il se serait cru en été. Maintenant qu'il était devant elle, il ne savait ni quoi faire, ni quoi dire. Il la fixa quelques secondes, un sourire s'affichant sur ses lèvres.
    « … Tu es venue au bal alors... J-J-Je suis tellement content... »
    Un bonheur parfait se lisait sur son visage. Oui, parfait. Il était si heureux qu'il pourrait toucher les étoiles. Il resta immobile une dizaine de secondes, tout content, sautillant presque sur place. L'écharpe le ramena à la réalité.
    « A-Ah! Tu sais, si je t'ai retrouvé, c'est grâce à mon écharpe! » Il la déroula de son cou et lui tendit. « C'est-C'est pour toi d'ailleurs... » Il se mit à quelques centimètres d'elle et la passa autour de sa nuque, souriant. « Tiens regarde... » Il prit l'une des extrémités de l'écharpe, là où était inscrit leurs initiales. « … L et I! Lloyd et Iku! » Il rit doucement. « En fait, dès que je suis proche de toi, les lettres commencent à scintiller... Tout ça avec un peu de magie... C'est pour toi hein! C'est un cadeau. » Il sourit et cligna des yeux. « A-Ah au fait, je l'ai faite moi-même. A-Alors c'est normal si ça s'abîme assez facilement... » Il détourna les yeux, gêné. Maintenant qu'il y pensait, est-ce que c'était vraiment suffisant comme cadeau de Noël? Lloyd avait pour habitude de lui acheter des bracelets, des bagues, des colliers... Qui valaient suffisamment chers pour pouvoir le ruiner à chaque fois. Cette fois, ça n'avait pratiquement rien coûté. Comment allait-elle réagir? Il se mordit légèrement la lèvre supérieure, fixant ses mains. Soudain, il se rappela d'un autre cadeau, qu'il avait rapidement glissé dans sa poche.
    « Ah! Attends! » Il sortit les deux fleurs de sa poche, qui étaient visiblement encore en bon état. « … C'est pour toi ça aussi. » Il prit doucement les mains d'Iku et mit entre ses doigts les deux fleurs blanches. « … Joyeux Noël Iku! » Il posa ses mains sur les siennes et les embrassa tendrement. « Je veux être avec toi pour toujours! » Il rougit et détourna les yeux. Il avait dit ça sans réfléchir... « … J-Je sais pas si j'aurais du dire ça. » Il rit nerveusement et serra doucement ses mains.
    « Encore une fois, joyeux Noël Iku. Je t'aime de tout mon coeur. » Il continua à sourire.
    Cette soirée allait merveilleusement bien se passer, il en était sûr et certain.
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Iku L. Samuro
Fondatrice tyrannique/ Tsundere androïde sadique, et folle amoureuse d'une bête rouge :3
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Iku L. Samuro


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Feuille de personnage
Classe: Arme Humaine (non officiel : Menakata)
Particularités/pouvoirs: Armes sortant des poignets, omoplates, épaules, genoux, coudes, dos, et bassin. La deuxième et finale forme de son corps, annoncée par un changement de couleur des pupilles, fait apparaître une sorte d'arc très bizarre directement tracé à partir de son bras (flèches dans son canon), c'est cette arme qui accumule tous les coups (force physique ou magique) et permet de les dévier. Sang régénérateur : son sang produit de nouvelles cellules et referme une plaie PHYSIQUE dans la 10aine de minutes qui suit quand elle est immobile, mais la plaie reste à l'intérieur du corps. régénère les petits organes comme yeux ou os TRES RAREMENT. [NON MAITRISE]
Sang: Humain amélioré

Le temps d'un sourire. Empty
MessageSujet: Re: Le temps d'un sourire.   Le temps d'un sourire. Icon_minitimeJeu 29 Avr - 3:21

[Je l'ai pas relu hein -_-... Il est pas terrible, mais je voulais le finir ce soir.]


Elle avait l’air malin. En plein blocage, comme ça. Dès qu’il avait posé son regard sur elle, planté ses doux iris dans les siens, elle s’était arrêtée de sourire, et était restée muette comme une carpe.

Ce soir, elle était comme tombée pour lui. Encore une fois.

Elle le voyait. Dans sa tête. A gravir les pentes, courir comme un fou, prendre ses jambes à son cou. A penser à elle, à penser à lui, à penser à eux deux, tout simplement. A affronter son courage et sa bonne volonté pour lui faire plaisir. Juste pour lui faire plaisir. Juste pour la voir sourire comme auparavant. Car ça avait été différent. A chaque fois qu’elle détournait le regard, il mourrait intérieurement. A chaque fois qu’il perdait son sourire, elle se sentait hantée d’horribles sentiments. C’était tragique. Horriblement tragique. Comme le requiem d’une chanson d’amour.
Mais c’était fini, désormais.

Le sourire qui s’affichait sur ses lèvres, ses dents d’une blancheur éclatante, ses pommettes couleur grenadine, et ses yeux d’amarante, brillant comme du diamant. Toute cette vision, Iku croyait que ce n’était qu’un rêve. C’était tellement irréel, aussi. Mais après tout, tout était possible sur Mahora, non ? Pas sûr. Ses mains étaient jointes, bénédiction, elle en profita pour se pincer discrètement la peau de la paume avec ses ongles soignés. Une petite douleur se fit ressentir, un léger sourire apparu sur ses lèvres, et ses yeux se levèrent lentement, pour se planter dans ceux de son amant, avec toute la tendresse qu’elle pouvait libérer. Son rire cristallin, bien que nerveux, avait résonné dans l’air pendant qu’il s’approchait d’elle. Elle, elle voulait déjà retrouver son torse, et la chaleur de ses bras l’entourant. Mais pour attendre, pour ne pas le perturber, elle avait décidé de se faire languir. Elle avait décidé de rester immobile, à écouter cette voix doucereuse, parce que d’un côté, se faire languir, elle aimait bien cela. Elle l’aimait à la folie… Pour pouvoir se nourrir de ses mots doux, s’abreuver de ses caresses, et vivre de ses baisers.
Il lui dit qu’elle était magnifique, sans aucune retenue, sans aucune hésitation. Elle en était heureuse. Il ne lui avait pas dit ça depuis des mois. C’est sûr, son œil, qui n’était plus, devait l’embarrasser, intérieurement. Il ne voulait pas se l’avouer sans doute. Du moins, c’était ce qu’Iku pensait. Même, elle en était persuadée, et cette impression folle d’elle-même était la cause de nombreuses disputes avec son cher et tendre. Cela aussi, c’était fini.
Lloyd avait l’air de s’être légèrement détendu, un sourire radieux s’était étalé sur ses lèvres. La jeune femme en était comblée. Pendant l’espace d’un instant, elle cru voir un saint. Elle sourit tendrement, et sans s’en rendre compte, dans l’air, quelques mots s’élevèrent de sa propre bouche.
    - « Je n’aurais jamais pensé de voir ici… »

Pourquoi ? Parce qu’elle avait dit qu’elle n’y allait pas. Et quand elle n’allait pas quelque part, il n’était pas censé y aller non plus. Il avait du le prendre comme ça. C’était sa règle d’or après tout, sous entendue, mais avouée. Cependant, ils s’étaient quand même retrouvés, ici, au beau milieu du bal, sous ces airs de classique.
    - « … Nous avons été réunis par le destin, de nouveau… »

C’est vrai, ce n’était pas la première fois qu’ils se réunissaient, comme ça, dans la pure insouciance. Et à chaque fois, ces faits avaient de belles conséquences.
Pourvu que cela soit la même chose, aujourd’hui.
    - « A-Ah! Tu sais, si je t'ai retrouvé, c'est grâce à mon écharpe! »

Il lui tendit quelque chose, à cet instant, elle eut une envie incomprise de pleurer. Laisser exploser cette boule qui se formait tout au fond de sa gorge, et fondre en larmes. Évidemment, de bonheur. Enfin, de surprise surtout. Ce sentiment n’était pas si déplaisant que ça, au contraire, c’était une agréable surprise. Elle prit doucement son visage dans ses mains, et se frotta prudemment les yeux, les sourcils, pour chasser ce sentiment. Elle devait paraître rayonnante devant Lloyd. Il devait déjà être en train de se dire s’il avait fait quelque chose de mal, pour la mettre dans cet état là… Iku laissa doucement tomber ses mains à la hauteur de ses côtes, et fit un léger hochement de tête accompagné d’un bref geste de la main, comme pour lui dire qu’elle allait bien, et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Ce n’est qu’en relevant les yeux vers lui qu’elle remarqua la bizarrerie de ses gestes. Elle fronça légèrement les sourcils, gênée, et se gratta légèrement la joue, son tic habituel.
Puis elle soupira et ferma les yeux, désespérée d’elle-même.
Elle réfléchissait trop, et tout cela s’était passé tellement vite que Lloyd ne s’était sûrement pas rendu compte, finalement.
C’est ce petit contact de la peau de sa nuque et celle de la main de Lloyd qui la ramena à la réalité. Elle releva les yeux, et les planta dans les siens, toute ouïe. Elle n’avait plus envie de réfléchir. Elle n’avait plus envie de se dire que tel comportement était bizarre, qu’elle rougissait trop, que sa robe était trop découverte, qu’elle était en plein milieu de la place et dont qu’elle pouvait gêner, ou que si elle essayait d’essuyer les légères larmes qui perlaient à ses yeux, elle avait sans doute un risque de faire couler son maquillage, mais que si elle ne le faisait pas, cela allait empirer. Non, elle en avait marre, de tout cela. Désormais, il n’y avait plus que lui. Enfin, lui et elle. Et même si elle se faisait bousculer, ou que ses talons se cassaient, elle resterait comme ça.
    - « C'est-C'est pour toi d'ailleurs... »

Lloyd lui avait enroulé cette chose autour du cou. Baissant légèrement les yeux, elle comprit enfin, après s’être creusé légèrement les méninges, ce que c’était. C’était le cadeau qu’il avait décidé de lui offrir. Les légers défauts marquaient bien qu’il avait été fait entièrement à la main. Quelques fils partaient, par ci, par là, mais le travail semblait déborder d’amour, et de sentiments passionnés. Ce cadeau, c’était une écharpe, dont la couleur écarlate était flamboyante. Elle laissa échapper un léger ricanement. Le rouge, c’était bien la couleur du garçon. Sa garde robe était rouge. Ses affaires étaient rouges. Et quand il était gêné, sa peau s’assombrissait pour devenir cramoisie. Pourtant, le blanc qu’il portait actuellement ne lui allait pas trop mal, au contraire, il était rayonnant. Mais Iku le voyait, elle le sentait, tout ce qu’il avait dû endurer avant tout cela. Son regard brillant, ses joues écarlates, sa respiration légèrement haletante, ses poings crispés et fermés, les traces de poussière sur ses chaussures, ainsi que l’impétuosité avec laquelle il l’avait, involontairement, percutée. Tous ces faits étaient des marques de sa course. De son épuisement ? De sa bonne volonté. De son endurance, aussi… Elle en était tellement émue qu’elle aurait pu déverser toutes les larmes de son corps. Sur le tissu de l’écharpe étaient incrustées les lettres L et I. L et I, Elle et Il, Elle et Lui, Lloyd et Iku… Ces lettres étaient rayonnantes de blancheur. Cette lumière était censée dire s’ils étaient proches l’un de l’autre, visiblement. Mais pour Iku, à ce moment là, elles symbolisaient surtout leur amour, l’intensité des sentiments qui les liaient l’un à l’autre. Elle lui rendit son sourire, et posa lentement ses mains sur la douce écharpe, toute émue. Décidément, elle était heureuse que la magie, ou plutôt ce genre de magie, existe. Si elle n’existait pas, ils n’auraient peut-être jamais pu se retrouver. A moins que… Qu’ils soient vraiment liés par le destin, après tout. La jeune fille voulait y croire. Même, elle pouvait y croire. Il avait toujours été là pour elle… Il était toujours apparu quand elle avait besoin de lui. Et il avait toujours été là pour elle, à la choyer, prendre soin d’elle, la rassurer, la consoler parfois… L’aimer. C’était comme son ange gardien, son cupidon, et il était devenu indispensable à sa vie. Cependant, elle hésitait, elle gardait une forme de malaise. Lequel ? Elle n’en avait strictement aucune idée. Elle n’y pensait pas. Elle n’y pensait plus.
    - « A-Ah au fait, je l'ai faite moi-même. A-Alors c'est normal si ça s'abîme assez facilement... »

Iku rit doucement. Son rire était doux, cristallin, amusé, emprunt d’une légère nostalgie, mais respirant l’honnêteté. On ne l’avait pas entendu rire comme cela depuis pas mal de temps. C’est sûr, Lloyd avait toujours été assez maladroit, et le voir faire quelque chose de ses mains, autre que combattre avec des épées,… C’était un exploit, disons.

Quand elle rouvrit les yeux, elle fit face à un Lloyd perturbé, embêté. Son regard était fixé sur ses mains gantées, il ne la regardait plus. Son stress étant contagieux, elle devint également nerveuse. Quand elle ne sentait pas son regard droit dans ses yeux ou sur son corps, elle se perdait, et ne savait plus où aller. Elle se pencha légèrement sur le côté gauche. Puis sur le côté droit. Puis un peu plus en avant, cherchant ce regard qu’elle avait égaré. Elle le retrouva enfin. Lloyd dressa brusquement la tête, elle se redressa également, et suivit ses mains s’engouffrer dans sa poche, pour en ressortir deux fleurs.
    - « … C'est pour toi ça aussi. »

… Iku aimait les fleurs.
Cette douce rose blanche et ce majestueux lys blanc représentaient leur amour d’une pureté inégalée. Elle le savait. Elle l’avait lu, dans un bouquin ou une page internet dont elle ne se rappelait plus ni le nom, ni l’existence. Mais actuellement, elle se fichait sérieusement de la signification de ses fleurs ou de leur intérêt. Tout ce qui la passionnait, ce qui l’intéressait désormais, c’était ces gestes, lui prendre doucement ses mains –qui étaient, parenthèse, pour une fois dénudées- pour caler les deux fleurs entre ses doigts, tout en faisant bien attention à ne pas la piquer avec les épines de la rose. L’odeur enivrante de ce léger bouquet vint faire frémir ses narines, pendant qu’elle relevait lentement la tête vers lui, les yeux grands ouverts. La tendresse qu’il éprouvait envers elle l’émouvait et l’attendrissait tellement qu’elle en eut les larmes aux yeux… A ce qu’il disait, il voulait être avec elle pour toujours. Elle sourit légèrement, tout en gardant les yeux humides. Elle aussi, elle voulait rester avec lui jusqu’à la fin. Ils en avaient déjà parlé un peu, et c’était fini sur une légère dispute, puis sur une réconciliation. Mais ils n’étaient pas si sûrs que ça. Elle serra doucement ses mains, comme pour montrer une approbation, lui dire qu’elle aussi, elle l’aimait, et ce pour la fin de sa vie. Et lui, il continuait à sourire, comme pour la poignarder encore plus, elle qui était déjà assez amochée… Sale amour masochiste, elle aimait cela, et, prise d’un léger malaise, elle laissa ses sens dériver. Incapable de retenir plus les larmes qui gorgeaient ses yeux, elle laissa couler ses pleurs. Et dès qu’elle entendit ces mots si désirés, ces mots qu’elle aimait tant entendre, ces « Je t’aime de tout mon cœur. », elle éclata brusquement en sanglots et se laissa tomber dans ses bras, serrant de toute ses forces les tiges des deux petits fleurs.

Lloyd devait bien se demander quelle mouche l’avait piquée… Lui qui avait fait tant d’effort, il se retrouvait avec sa bien-aimée en sanglots, dans ses bras. Elle continua à pleurer bruyamment, attirant tous les regards aux alentours vers elle, et passa lentement les bras autour du cou de Lloyd pour s’y accrocher, comme pour lui dire de la serrer contre lui, le bouquet pendant au bout de ses fins doigts de pianiste. Essayant en vain de prendre la parole, elle ne pu même pas aligner deux syllabes et sortit un pur charabia que même un homme au quotient intellectuel supérieur à deux cent et possédant une ouïe parfaite n’aurait pas pu déchiffrer. Pourtant, à ses oreilles, cela semblait clair.
    - « Je… Je tz… Zag… Guebwahhahah… Br… Bruh… »

A vrai dire, cela ressemblait plus à du néerlandais ancestral ou à du chinois qu’à du japonais moderne.
Iku plissa les lèvres et détourna les yeux, en larmes. Franchement, elle était gênée. Tellement qu’elle en devint cramoisie. Elle sécha vivement ses larmes, prenant son visage entre ses mains, Lloyd devait la trouver pathétique. Secouant vivement la tête –miraculeusement sans se décoiffer-, elle retrouva un rythme de pleurs assez cohérent et régulier, plus silencieux, plus naturel, lui déformant moins le visage, et surtout, lui permettant d’aligner trois mots dans une phrase dont la signification était à peu près compréhensible. En gros, se promettant de se calmer pour ne pas paraître encore plus pathétique qu’elle ne l’était, elle réussit à évacuer la grosse dose de stress qui s’était accumulée en elle en une simple secousse de la tête. Puis elle releva la tête vers son bien-aimé, souriante, et rayonnante bien qu’en larmes.
    - « E-E-Excuse moi Lloyd, je… Je sais pas ce qui me prend… C’est ce que tu dis qui me… Qui me fait pleurer… »

Elle soupira légèrement et baissa les yeux, son sourire se décomposant peu à peu en une sorte de grimace.
    - « Je dois être pathétique, hein… »

Puis elle releva la tête, un sourire se reformant sur son visage. Lentement, elle prit les pans restant de l’écharpe qui était légèrement nouée autour de son cou, et la noua doucement autour de celui de son amour, le regardant tendrement, tout en approchant son corps pour qu’il vienne se coller au sien, dans une osmose parfaite. Elle posa les mains sur sa nuque, tout en le fixant droit dans les yeux, souriante.
    - « … Mais je t’aime. M-Moi aussi je veux rester avec toi pour toujours… Je le dis sérieusement… Tu en penses ce que tu veux. Mais garde-le en tête, s’il te plaît… Je t’aime. »

Pendant que ses pleurs redoublaient d’intensité, Iku continua tant bien que mal, sans vouloir, ni pouvoir, s’arrêter.
    - « Je t’aime bordel !! Je t’aime… Je veux que tout redevienne comme avant… Je suis désolée, tout a été très dur… Mais maintenant c’est fini, je te jure, je retomberais plus, mais soutiens-moi quand même… Pour vivre, j’ai besoin de ton soutien ! J’peux pas faire sans… J’suis… J’suis… J’suis dépendante de toi. Je veux que tu le saches. Laisse moi parler… Même si j’ai rien à dire, laisse moi parler… Je veux que tout redevienne comme avant… Cet œil est revenu, c’est déjà un bon départ, non ? Fais moi confiance ! Tout redeviendra comme avant. Crois en moi, on ne se séparera plus jamais… Je ne te quitterais plus… Je ne partirais plus le soir, et je resterais tout le temps avec toi, rien qu’avec toi, pour te prouver mon amour… Je t’aime de tout mon cœur. Non. De toute mon âme. »

Les larmes continuant de couler à flot sur ses joues, Iku posa doucement son front contre celui de Lloyd et ferma les yeux, puis, lentement, elle pressa ses lèvres contre les siennes, la bouche entrouverte, avec toute la tendresse qu’elle pouvait éprouver. Ses lèvres étaient douces, tellement douces, qu’Iku cru fondre dedans. La légère odeur de pin et la réconfortante odeur d’aveline qui s’émanait de sa nuque l’apaisaient, et la délicatesse avec lesquelles leurs langues se caressaient, s’entrelaçaient, la transportait dans un autre monde, qui était si lointain qu’elle en oubliait tous ses problèmes.

Ce ne fut qu’un simple baiser échangé.
Simple et léger, mais mémorable par sa tendresse.


Quand elle se recula, elle ne pleurait plus. Approchant doucement le menton vers l’épaule de Lloyd, elle plaqua une main sur sa joue, afin d’essuyer une dernière larme qui coulait sur sa peau humide. Puis elle se serra doucement contre lui, enroulant prudemment son cou de ses bras, comme si il était fragile. Passant une main dans les fins cheveux châtains du garçon, elle sourit légèrement. Elle repensait à des souvenirs d’antan, à d’innombrables délires, qui dataient de l’avant-guerre, depuis qu’elle l’avait connue. Elle repensait à leur rencontre, l’officielle, à Mahora, qui avait réussit à les nouer à jamais. Elle repensait également au premier baiser qu’ils avaient échangé, aucun autre baiser ne pouvait inégaler les siens, c’était ainsi. Elle repensait également aux rencontres qu’ils avaient fait, transformant chacun de leur quotidien en fête.
Elle était amoureuse d’un homme avec une banane à la place des cheveux. Mais cet homme lui avait donné tellement de première fois, qu’elle n’était pas près de l’oublier. Son premier baiser. Son vrai premier copain… ? Son premier coup de foudre, aussi. Mais aussi sa première larme avec ce nouvel œil enfin mit à découvert… C’était aussi la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un d’aussi adorable, quelqu’un qu’elle n’aurait blâmé ou vexé pour rien au monde. Et, étonnamment, c’était également la première fois qu’elle rencontrait une personne ayant une coupe de cheveux aussi extravagante… Et avec qui cela faisait tellement naturel que c’en était bluffant.
Lloyd était son premier amour, et elle le désirait en tant que dernier. Elle allait l’avoir. Ses désirs étaient toujours des ordres, après tout. Mais elle trouvait cela bizarre, elle se trouvait différente des autres, à miser autant dans un simple premier amour, et parfois, elle venait à se dire que toutes ses espérances n’étaient que des illusions. Elle se projetait souvent dans le futur, juste pour s’évader. En étant optimiste, elle pouvait voir un futur ou elle serait heureuse, liée à jamais avec l’homme qui l’avait dans ses bras en ce moment même. Elle aurait trouvé un bon travail et aurait très bien gagné sa vie. Elle se serait mariée avec lui, il lui aurait fait quelques enfants, deux, ou trois. Et quand elle se voyait mourir, elle voyait une mort de vieillesse, encore dans les bras de son cher amant, avec ses enfants à leur chevet. Mais il arrivait aussi des moments où elle était extrêmement pessimiste, et où elle se créait un futur banal, trop banal… Tellement banal qu’il en devenait réaliste, et tellement réaliste qu’il en devenait malheureux. Un futur où Lloyd aurait finit par là larguer pour une autre fille. Où elle irait sûrement à une université, loin, loin de son île, et où elle se trouverait un petit travail à rémunération basse dans une petite entreprise ne se souciant pas de ses salariés, après quelques années ennuyantes d’études acharnées. Ensuite, après quelques conquêtes, elle rencontrerait un homme qui lui plairait, et se marierait avec lui. Elle aurait plusieurs enfants, un ou deux, pas plus. Mais après une dizaine d’années, elle ne satisferait plus son mari, et ce dernier partirait de la maison familiale, la laissant avec deux adolescents. Et ensuite, les enfants partiraient, la laissant vieillir, seule, et oubliée par tous.

Mais maintenant, avec ce qu’il lui avait dit, « Je veux être avec toi pour toujours! », elle était persuadée qu’un futur aussi triste n’arrivera jamais.

Iku leva légèrement les yeux vers lui. Son regard était étincelant. Dans ses doux iris couleur caramel, on pouvait observer un univers entier. Des étoiles, un soleil, des planètes et leurs lunes. Dans un simple regard s’observait la quiétude d’un cosmos en paix. Transperçant de ce pouvoir macrocosmique le regard de Lloyd, elle posa délicatement ses mains sur ses joues et les caressa. Un sourire possédant toute la beauté et la pureté d’un bouton de rose naquit sur ses lèvres d’incarnadin. Elle voulait qu’il lui raconte tout ce qui s’était passé, comme si il lisait un conte à un enfant. Elle voulait qu’il lui parle de ses exploits sous la forme d’une éloquence, pour qu’elle puisse s’imaginer la scène, et s’émerveiller. Mais pour le moment, elle allait rester comme ça, à presser doucement son corps contre le sien, et à le regarder amoureusement.
En fait, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle avait plein de choses à lui raconter, à lui demander, mais ne savait pas par quoi commencer. Alors que faire ? Devait-elle continuer à réfléchir, en masquant tous ces roulements de méninges par un sourire ? Ce n’était pas très honnête. Au même moment, elle eut une envie soudaine de cerise. Une cerise, avec une petite coulée de miel par-dessus. C’était une confiserie pleine de douceur, que l’on trouvait souvent sur les choux à la crème que l’on pouvait déguster à un café qu’elle fréquentait. A chaque fois, quand elle allait là-bas, elle prenait la même chose : Deux choux à la crème, un à la crème de noisette, et l’autre à la crème de chocolat [J’AI FAIM RAAHH]. Deux choux à la crème qui étaient tous les deux surmontés d’une petite cerise et d’une goutte de miel. Au lieu de manger tout d’un coup, la jeune fille avait toujours décidé de commencer par le fruit. Ensuite, elle mordait en plein dans le choux, et se mettait de la crème partout. Cela faisait toujours rire Lloyd, et elle, elle finissait par être habituée, au point de prendre instinctivement un ou deux paquets de mouchoirs à chaque fois qu’elle avait l’initiative de se rendre dans ce bar…
    - « Lloyd… J’ai faim ! »

Aux oreilles du garçon, ces mots voulaient sûrement dire « Je meurs de faim ! Je veux manger ! Allons manger. ». Il savait plutôt bien déchiffrer son langage après tout, maintenant. Baissant légèrement les mains pour qu’elles viennent saisir la droite de Lloyd, Iku se recula légèrement et se retourna, souriante. Avant de commencer à s’avancer, elle remonta légèrement ses mains pour qu’elles viennent enlacer son bras, et l’embrassa furtivement sur la joue, puis elle fit quelques sautillements, le traînant sur place.
Ils arrivèrent rapidement à l’endroit où la jeune fille avait posé son sac. Elle mit délicatement les fleurs dedans, afin de ne pas les froisser, puis tomba sur quelque chose d’assez intriguant. Un vieux cache-œil demeurait dans le sac noir. Elle l’y avait sûrement déposé quelques semaines auparavant et, par pure fainéantise, n’avait pas prit la peine de vider le sac. Aux côtés du cache-œil, il y avait un paquet de cigarette à moitié entamé. Son regard s’assombrit et se baissa légèrement. Lloyd devait être perturbé. Seulement, il ne savait pas que les actions futures de sa bien-aimée allaient dépasser ses espérances.

S’avançant vers la poubelle la plus proche, en ayant au préalable prit son sac à son poignet, Iku plongea la main dedans, et en ressortit le cache-œil de coton pur, dont la couleur était d’un blanc immaculé.
    - « Ah, ça, tout ça… C’est fini. »

Sous les yeux interloqués de Lloyd, elle commença à le déchirer, en y mettant toute son âme, toute sa tristesse, et toute sa colère. Elle était furieuse, furieuse d’elle-même.Et chaque morceau de tissu qu’elle déchirait avec ses ongles montrait chaque acte abject qu’elle avait commis. Avec ce cache-œil qui lui masquait toute la moitié du visage, elle se trouvait laide. C’était fini. La peur qu’elle éprouvait quand elle pensait à ce qu’il puisse se trouver en dessous, était également finie. Les soirs où elle sortait et où elle traînait toute seule, sous la neige, à ne rien faire, et à s’ennuyer alors qu’elle pouvait passer une bonne nuit de sommeil dans les bras de son amant, c’était fini. Les soirs où elle rentrait à la pension à moitié saoule à cause de sa naïveté, c’était fini. Et j’en passe. Tout cela était terminé, pour le meilleur, et pas pour le pire. Jamais pour le pire. Car ce qu’elle avait fait était tout simplement horrible. Elle avait bravé la confiance de Lloyd. Elle l’avait insulté, parfois, et sans aucune raison. Elle l’avait fait douté de leur alliance. Elle en était navrée. Mais le déchirement de ce morceau de tissu était la preuve même de ses excuses. Et dès qu’elle jeta tous les fragments dans la poubelle, elle sortit cette fois son paquet de cigarettes à moitié entamé, et le vida à même dans la poubelle, avant de le froisser et de le jeter.
    - « Et ça aussi, c’est fini… Enfin pour ce soir hein, je suis pas sûre de pouvoir tenir trop longtemps sans, maintenant que je me suis habituée… »

Iku se retourna vers Lloyd, souriante. Dans sa main, cachée par les pans du sac, se trouvait le deuxième cadeau qu’elle lui avait préparé. Lentement, elle se rapprocha de lui. Les talons de ses ballerines claquaient au sol dans un doux bruit. Et elle sortit enfin le cadeau, soigneusement emballé dans un papier cadeau argenté, enroulé d’un petit ruban rouge.
    - « Au fait... C’est mon cadeau… Pour toi. »

Dans son regard lumineux, on pouvait observer une pointe d’amusement. Une pointe qui voulait comme dire « Allez, qu’est ce que tu fais, réagis ! » d’un ton blagueur.
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Lloyd Irving
Chose en rouge/Amoureux d'une tsundere, donc masochiste. Cela va de soi :D.
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MessageSujet: Re: Le temps d'un sourire.   Le temps d'un sourire. Icon_minitimeSam 31 Juil - 20:01

Comme il l’avait prédit, tout se passait si bien qu’il se croyait dans une illusion, un merveilleux rêve, auquel il souhaitait ne jamais se réveiller. Cette voix qu’il entendait l’hypnotisait, pouvait même le rendre fou. Il la considérait comme une drogue inouïe, qui lui inspirait sans arrêt un plaisir inimaginable, surnaturel. Il buvait ses paroles, chaque syllabe entendue le faisait frissonner. Il profita de ce moment pour réfléchir, penser au sens possible de chacun de ses mots. Le destin. Est-ce que cela existait vraiment ? Était-il fait pour rencontrer Iku ? Non seulement aujourd’hui, mais il y a des années de cela. Car leur première rencontre, aussi impensable soit-elle, ne datait certainement pas d’hier. Leur retrouvaille n’était en effet plus qu’un miracle, on ne pouvait le décrire autrement. Secrètement, il voulait y croire. Croire qu’en effet, il leur était impossible d’être loin de l’autre, et qu’ils étaient liés, unis… Pour leur vie entière. Ses pupilles se dilatèrent légèrement, repensant aux mots qu’il avait lui-même employé plus tôt. Toujours : adv. invariable : 1. Dans toute l’étendue du temps, ex. : « Ils s’aiment pour toujours. ». Ses battements du cœur s’accélèrent, et ses yeux fixèrent le visage uni de sa belle. Sans même le vouloir, il venait de réaliser une déclaration des plus importantes. Et pourtant, ces quelques mots s’exprimèrent sans difficulté flagrante, avec un naturel impressionnant. C’est ce qui le gênait le plus d’ailleurs. Mais, dès qu’il aperçut ce sourire au coin de ses lèvres, dont il avait perdu l’habitude, il sentit son souffle reprendre un rythme correct. Ses pensées se mêlaient les unes aux autres, provoquant un brouhaha infernal au sein de sa petite tête. Il ferma les yeux brusquement et les rouvrit, se concentrant sur son objectif principal pour cette soirée : rendre Iku heureuse, et faire en sorte qu’elle tombe amoureuse de lui, à nouveau, en un soir seulement. Durant ces mois d’incertitude, il lui parut être passé par tous les profils possibles : de petit ami à ennemi, puis connaissance, suivi d’un amour fou, indifférence, et retour in extremis à la case petit ami. Ce soir, il lui avait annoncé par quelques sous-entendus qu’il souhaitait changer de niveau et arriver au stade de mari dans leur avenir, ensemble ?... Il ne pouvait plus la décevoir. Une promesse est une promesse.
Lorsqu’il lui offrit ce modeste cadeau, il avait conservé une certaine inquiétude, comme s’il se sentait perdu. Les cadeaux, il aimait en faire, surtout à Iku. Mais c’était tellement plus simple d’acheter quelque chose de tape à l’œil plutôt que de s’acharner sur un infime espoir. Une certaine fierté l’avait envahi, mais son orgueil ne serait satisfait que par la réaction positive à qui ce travail était destiné. À sa plus grande surprise, il n’entendit qu’un rire. Franc, honnête, comme il le connaissait. Mais, ce soir-là, il était rassurant, attendrissant même. Et ce, malgré la gêne constante qu’il conservait au fond de lui. Un simple « Merci » aurait suffit pour le détendre. Pourtant, pas une seule phrase ne s’échappait de ses lèvres brillantes. Son inquiétude grandit, et son impatience à recevoir une réponse se fit reconnaître : ses lèvres tremblaient légèrement, son front était en sueur, et ses joues rougirent à une vitesse qu’il ne pouvait contrôler. Au bout de quelques minutes, il sourit bêtement, sentant ses doigts dans la paume de ses mains. Ce simple geste lui suffisait pour être un tantinet heureux. C’était idiot, et il le savait, mais ce réflexe prouvait bien qu’il tenait à elle, que cet amour n’était pas une illusion. Qu’à eux deux, ils pouvaient y croire. Elle n’avait plus qu’à le remercier, à lui exprimer tout son amour et leurs anciennes disputes passeront à la trappe. Et peut-être même, espérait-il, que tout redevienne comme avant. Sans gêne ni sourire en coin, sans disputes ni regards foudroyants. Sans cette peur et ce stress présent dans l’atmosphère. Il souhaitait vivre tout simplement. C’est pour cela, pour toutes ces raisons, oublier était indispensable à leur future relation. Alors pourquoi sentait-il ses doigts trembler entre les ses phalanges ? Il cligna des yeux surpris et se pencha légèrement, l’observant de tous les angles. De brillantes larmes perlaient ses yeux, dorés sous ces lumières multicolore. Un déclic se fit immédiatement, lui annonçant qu’Iku était malheureuse, triste, qu’elle devait détester son cadeau. Pire, elle regrettait de l’avoir vu ici, quelle stupide erreur que d’être venu. Oui, c’est ce qu’elle devait penser, sous ses larmes et ses tremblements réguliers. Il crut à ce moment précis être frappé par la foudre, comme si son château de cartes s’effondrait sous ses propres yeux. Sans qu’il n’ait rien demandé, il sentit son corps svelte contre le sien, la tête enfouie dans son costume et tremblotante par ses sanglots aigus. Il se sentait si choqué, si perturbé, et sa seule réaction fut pourtant d’ouvrir grand la bouche, les bras le long du corps et les sourcils formant des vagues d’incompréhension. Il l’entendit marmonner, mais chacun de ses mots étaient dénués de sens, cela ne ressemblait en rien la voix angélique avec laquelle elle avait l’habitude de s’exprimer. Il se sentait si idiot, ne pas être suffisamment intelligent pour comprendre ce qu’elle disait dans un moment crucial. Il en était désormais persuadé : leur avenir entier se jouait maintenant ! La réussite de cette soirée était sûrement un moment clé dans leur vie. Il profita de ses quelques minutes d’incertitude pour prier Monsieur Destin, qu’il fasse en sorte que ses prédictions étaient justes. Ainsi, lui et Iku seraient heureux, comme il l’avait presque toujours souhaité. Peu à peu, les pleurs de sa future compagne se transformèrent miraculeusement en paroles compréhensibles par l’être humain. Il fut tout ouï et garda les yeux grands ouverts, frissonnant légèrement. Non pas à cause du froid, mais à cause du stress qui l’envahissait à chaque mot prononcé.
~
Un mot. Un unique mot pouvait exprimer ce qu’il ressentait en ce moment même : « Paradis ». C’était assez ironique. Un jeune homme avec des ailes, un « ange », qui recevait un tsunami de bonheur en plein visage, semblable à l’extase ressentie lors de l’entrée au paradis. Ses épaules tremblaient, et il ne tarda pas à serrer ce corps si cher à ses yeux. Elle aussi frémissait, ses sanglots répétés étouffaient sa voix cristalline, mais ses mots résonnaient à son oreille telle une chanson, une poésie remplie de mots doux, dont il était le seul à pouvoir entendre. Les vers, les strophes s’enchaînaient, formant des quatrains magnifiques, merveilleux. Ses paupières se fermèrent sur ses yeux rouges, et il serra de toutes ses forces cette poète dont il était follement amoureux. Il ne savait pas s’il méritait ses doux mots, s’il méritait même son amour, ou si elle avait vraiment besoin de s’excuser… Il voulait vivre cette soirée tel un rêve. Sans se poser trop de questions, sans chercher à savoir pourquoi, comment. Il souhaitait juste revenir à zéro. Et c’était à elle aussi son vœu. Ils ne pouvaient pas être en désaccord ce soir. Il le sentait bien, ces deux cœurs qui battaient l’un contre l’autre. L’un lui appartenait, l’autre se trouvait au fond d’Iku, et il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle faisait tout pour qu’elle le comprenne, ses efforts se lisaient dans ses yeux maquillés, légèrement fatigués peut-être. C’était sûrement pour cette raison qu’il ne pouvait pas la décevoir, il devait garder à tout prix ces deux cœurs unis.
Comme si ce n’était pas assez, une chaleur soudaine se fit ressentir sur ses lèvres. Il eut pour réflexe de crisper ses doigts gantés sur son dos nu, rapprochant plus encore son corps du sien. Il n’avait plus rien à faire, sa langue s’était emparée de la sienne, et ce baiser ne fit qu’attendrir son cœur en marshmallow. Lorsqu’il recouvrit la vue, il aperçut le reflet de ses pupilles briller dans celles de sa cavalière. Il ne put s’empêcher de sourire. C’était comme un réflexe désormais. À partir d’aujourd’hui, il ne se retiendrait plus de sourire. Il en avait assez de cette mauvaise aura, et il s’en était déjà débarrassé.

Son sourire s’agrandit légèrement. Iku ne pouvait pas le voir, sa tête était posée sur son épaule. Elle le serrait tendrement contre elle, comme si elle souhaitait secrètement le protéger. Ses lèvres s’entrouvrirent, laissant échapper quelques mots maladroits : « Moi aussi… Je t’aime… » Il soupira légèrement, de froid, de quiétude. Il voulait juste la rassurer, prononcer quelques mots valaient souvent mieux qu’un long discours. Il la trouvait si parfaite ce soir, si adorable, si consciencieuse. Il refusait de l’imaginer ailleurs que dans ses bras. Ils s’étaient presque vendus l’un à l’autre. Comme s’ils possédaient des actes de propriété réciproques. Et il ne « vendrait » Iku pour rien au monde ; c’était son œuvre d’art la plus précieuse d’ailleurs.
Ce soir, elle était merveilleusement bien sculptée. Il le savait déjà d’avance, qu’il n’arrêterait pas de la complimenter, de lui dire à quelle point elle était belle, magnifique, éclatante, somptueuse. Les mots lui manquaient, et il ne laissa pas échapper un seul autre adjectif de ses lèvres pincées. Pourtant, il sentait qu’elle aussi, elle était sûrement un peu perdue. Son regard allait d’ici et là, ses lèvres s’entrouvrirent, se pincèrent puis en sortit un léger soupir. Mais ses douces mains étaient omniprésentes, caressant tendrement ses pommettes brillantes. Le contact de sa peau était comme un remède à la mauvaise humeur.
Son sourire tendre devint plus malicieux, plus amusé, ce qui étonna légèrement le jeune homme en costume. Elle avait quelque chose en tête, ou peut-être attendait-elle quelque chose de lui ? C’était probable. Lloyd n’eut même pas besoin d’y réfléchir puisqu’elle lâcha d’un ton enjôleur : « Lloyd… J’ai faim ! » Il ne put s’empêcher de sourire, surpris. Elle était si adorable qu’il avait l’impression de s’être retrouvée avec une collégienne de première année. Elle ne ressemblait plus à la jeune fille maussade d’y a quelques semaines seulement. Il n’oserait pas lui dire, de peur de la vexer ou d’entraîner une dispute, mais c’est dans ses moments là qu’il la préférait, et il voudrait que cela dure pour toujours, que jamais elle ne redevienne aussi grognon et désagréable. Malheureusement, il lui était impossible de prononcer ces mots, et il se contenta de sourire, un peu bêtement. Il entrouvrit la bouche, voulant lui annoncer qu’ils mangeraient tous les deux le plus possible, et qu’il avait hâte de découvrir le buffet, surtout s’il était aussi rayonnant que la place. Cependant, ses mots furent ravalés sur-le-champ puisqu’Iku le traînait sans qu’il ait pu répliquer quoique ce soit.
Sans la lâcher, ils s’arrêtèrent. Lloyd continua à l’observer, sans dire un mot. Il la vit s’approcher de son sac, ranger délicatement les fleurs puis s’avancer vers une poubelle, qui faisait tache avec ce décor merveilleux. Il s’approcha lentement d’elle, intrigué. Son sourire éclatant avait disparu, et elle tenait entre ses mains l’un de ses cache-œil, qu’elle déchirait avec force et brutalité. Il ne la quitta pas des yeux. Il l’avait toujours su, que ce cache-œil avait été un handicap pour elle, qu’elle le détestait. Pourtant, il lui avait dit que ça ne changeait rien entre eux, qu’elle restait la même, que ce n’était qu’un détail. Elle ne l’avait jamais écouté, ce qu’il l’avait toujours un peu dégoûté. Ce n’était pas vraiment de sa faute, elle n’écoutait plus vraiment personne dans ses moments là… Enfin, elle aurait écouté Yasu, s’il était encore là. Parfois, il le lui avait même rappelé, qu’il était mort, qu’il fallait qu’elle l’accepte, et qu’elle se rende compte qu’il y avait des gens pour elle, qui l’écouterait, qui la consolerait. Il se référait la plupart du temps à lui-même. Seulement, il ne l’avait presque jamais entendu se confier réellement. Elle était toujours de mauvaise humeur, bornée, suppliant Yasu de revenir. Il s’était senti tellement inutile qu’il en avait envie de pleurer.
Ces moments là, elle les avait conditionnés dans ce cache-œil. En le détruisant, elle réduisait en miette ces souvenirs pénibles. Il aurait voulu lui demander si elle culpabilisait, mais ça serait idiot. Ca ne ferait que rajouter de l’huile sur le feu. Et de toute manière, il n’était pas un saint lui non plus. Il espérait au fond que cet acte ne soit pas qu’un moyen d’oublier ses fautes à elle, mais les siennes à lui également.

Il baissa la tête, couvert de culpabilité. Il lui en avait demandé trop, ça doit être ça. Il avait été trop dur avec elle. Lorsqu’il la vit jeter ses cigarettes, cela le fit sentir encore plus mal. Elle s’était mise à fumer car ça l’aidait, mais il ne l’avait jamais accepté. Il la regardait d’un mauvais œil chaque fois qu’elle sortait une cigarette. Il lui avait même avoué qu’il détestait cette odeur. Lorsqu’il releva le menton, il avait en face de lui une Iku souriante. Il devrait être satisfait, c’était ce qu’il avait toujours voulu. Mais maintenant qu’il y pensait, son sourire le mettait mal-à-l’aise. Il avait tout fait de travers, mais elle était pourtant prête à lui pardonner. Pire, elle lui tendait un cadeau. Il n’en recevait de sa part qu’à Noël et également à son anniversaire. Il avait envie de pleurer, mais il n’en avait pas le droit. Il allait encore la faire souffrir. Encore et encore… Quand est-ce qu’il arriverait enfin à la rendre heureuse ?
Lentement, il saisit le cadeau, murmurant un « Merci » presque inaudible. Si elle remarquait son inquiétude, son sourire disparaîtrait, il ne voulait plus la décevoir. Ainsi, il lui fit un grand sourire, sonnant peut-être un peu faux. Ses doigts se promenèrent autour du papier brillant, essayant de deviner le contenu du paquet. Sans se précipiter, il déchira le papier. Il espérait silencieusement ne pas faire languir Iku, elle devait avoir hâte qu’il découvre ce présent. Pourtant, il s’amusait presque à prendre tout son temps, et finit par faire une boule de papier cadeau, qu’il jeta à la poubelle, ironiquement par-dessus le paquet de cigarette et le cache-œil. Ses yeux se posèrent sur ce qui lui apparentait être un livre. Délicatement, il ouvrit celui-ci, à la première page. Lorsqu’il vit apparaître les mots « Album Photos », il ne put retenir une exclamation de surprise. Il feuilleta rapidement chaque page, s’apercevant sur chacune d’entre elle. Jamais il n’aurait cru avoir fait autant de photos avec elle en moins de deux ans. Pourtant, elles étaient bien là, rappelant tous ces bons souvenirs. Sur chaque photo, ils étaient tous les deux souriants. Parfois l’un dans les bras de l’autre, s’embrassant même sur certaines. Ils avaient l’air si heureux qu’il se doutait même si ce garçon avec les cheveux dressés sur la tête était bien lui. A ses yeux, il ressemblait à un acteur. Un étranger qui n’avait plus rien à voir avec lui. Il s’empressa de détourner la tête, refermant l’album photo. Iku venait de le dire. Tout était fini. Tout allait redevenir comme avant. « C-C’est faux… » Malgré lui, il avait toujours cette gêne en lui. Ironie, c’était lui qui disait tout le temps ça avant, que tout allait s’arranger. Aujourd’hui, c’était comme si les rôles avait été inversés. Il serra contre lui l’album, se tournant vers Iku, quelques larmes perlant dans ses yeux. « Iku… M-Merci… Ce sont… Les meilleurs souvenirs de ma vie… » Il s’empressa de se frotter les yeux. Il s’était promis de ne pas pleurer, tout à l’heure, quand il était encore dans sa chambre : « Promis ! Je ne pleurais pas… Peu importe ce qui se passe ! Iku aime me voir sourire. Iku… » Il releva la tête vers elle, tout gêné. « Tout à l’heure… Quand je t’ai vu déchirer tes cache-œil… Je t’ai trouvé tellement courageuse… Plus que moi… Moi, même si j’arrêtais pas de te dire le contraire… J’ai encore un peu peur de ce qui s’est passé… L-La guerre… » Il hésita en prononçant ce mot, comme s’il était désormais tabou. « … Me fait encore peur… » Il serra l’album de toutes ses forces. « Mais ! Mais… Ce soir… Tu fais tellement d’efforts… Moi aussi… Si tu me dis que l’on peut oublier… Alors je le ferais… Parce que je t’aime. Parce que je te fais confiance. Je n’hésiterais plus jamais ! Je te croirais toujours ! Si tu me dis par exemple que le ciel est rose, alors c’est que c’est vrai ! Parce que c’est toi le dit ! » Il s’arrêta. Dans son esprit, tout semblait clair, mais dès qu’il se mettait à parler, ses mots n’avaient plus aucun sens. Il devait avoir l’air encore plus idiot, et il comprendrait si Iku se mettait à rire. Lui qui avait envie d’être viril et magnifique ce soir, il avait tout gâché. Ses lèvres tremblaient légèrement, et il n’osa pas se séparer de l’album, comme si c’était la seule chose qui le rattachait au passé.

Il rit nerveusement, complètement gêné par ce qu’il venait de dire. « Plus je parle, plus j’ai l’impression que je vais gâcher cette soirée… Parfois je ferais mieux de me taire. » Il baissa la tête et soupira. C’est ce qu’on lui disait souvent, non ? De loin, Lloyd était mignon, mais dès qu’il ouvrait la bouche on le prenait tout de suite pour un idiot. Il aimait d’ailleurs prendre ça avec humour. Mais avec Iku, il sentait bien qu’il devait l’ennuyer parfois, à dire des choses incompréhensibles. Ca devait être pour cela qu’elle ne le supportait plus juste après la guerre. C’était pendant cette période qu’il avait été le plus idiot. Idiot. Idiot. Ces mots résonnèrent dans sa tête. Iku était assez courageuse pour changer, alors est-ce que lui aussi il pourrait ? Il pourrait réellement devenir élégant, intelligent, sérieux, viril… Parfait ? Est-ce que c’est comme ça qu’Iku le voulait ? S’il lui posait la question, elle le prendrait pour un idiot. Il n’avait plus qu’à changer du tout au tout. C’était dans cet esprit qu’il était parti au bal après tout. Il se souvint parfaitement du regard de sa princesse lorsqu’elle aperçut son prince, lui. Il avait du donner une bonne impression visiblement, c’était sans aucun doute comme ça qu’Iku le voulait. Il manquait tellement de tact… Il devrait déjà faire plus attention. Toutes ses pensées se mélangeaient dans sa tête, il ne savait même plus comment se comporter. Est-ce que c’était une bonne idée de la complimenter sans arrêt ? Elle trouverait ça lourd non ? Peut-être qu’elle se forçait à l’aimer, non, non. Il refusait de penser à ça. Mais… Il ferait n’importe quoi pour devenir son vrai prince charmant.
Soudainement, il s’approcha d’elle, prit sa main, et se dirigea vers le buffet. Il lui fit un grand sourire, comme si rien ne s’était passé. « Moi aussi j’ai faim, allons manger quelque chose… » Il l’amena vers le buffet puis se tourna vers elle, posant ses mains sur ses épaules. « Tu n’as qu’à aller t’asseoir, je te ramène quelque chose, d’accord ? » Il n’attendit pas sa réponse et la fit s’asseoir quelques mètres plus loin, autour d’une table. « J’arrive tout de suite ma princesse. » Il se dépêcha de retourner au buffet, une grimace à la place de son sourire. Sa manière de parler lui rappelait Kinsue quand il était en mode « Vive Emiri ! ». Ca ne faisait pas naturel du tout, l’appeler princesse comme ça… Pourtant, il devait faire des efforts. Pour elle. Parce qu’il l’aimait. C’est tout. Il laissa échapper un soupir et servit deux assiettes parfaitement identiques composées de salade, vinaigrette, saumon fumé, une cuillère de purée de pomme de terre et quelques groseilles encore fraîches disposées au coin de l’assiette. Fier de lui, il ramena les deux assiettes et en disposa une juste devant Iku, un grand sourire aux lèvres. « Voilà ! » Il s’assit en face d’elle, restant silencieux. Il se racla la gorge et déclara d’un ton élancé. « Ca a l’air particulièrement bon ce soir, non ? » Il lui sourit et coupa délicatement un morceau de saumon, qu’il mit lentement à mâcher et à avaler. Manger comme ça le mettait mal à l’aise, il avait l’habitude de tout gober en quatrième vitesse. Mais à chaque fois qu’il le faisait, Iku soupirait. C’était sûrement un tue-l’amour pour elle, d’être trop gourmand. Il ne s’était jamais forcé à être distingué, ce soir était sûrement le bon moment… D’ailleurs, il avait une idée derrière la tête, quelque chose… Qui lui ferait vraiment plaisir. Une sorte de surprise, elle ne s’y attendrait pas mais… C’était tellement gênant qu’il rougissait jusqu’aux oreilles rien qu’à y penser. Il fixa son assiette, le cœur battant à cent à l’heure. Peut-être était-ce une bonne idée ? Mais peut-être que ce n’en était pas une ? De toute façon, il lui avait avoué qu’il voulait rester avec elle pour toujours. C’était sûrement déjà bien assez. Il se força à rester indifférent et se leva lentement, s’approchant d’Iku. « Viens avec moi un instant, j’ai un dernier… Cadeau pour toi… » Il lui sourit tendrement, prenant sa main et l’aidant à se relever. Il l’emmena dans un coin désert, restant tout de même près du centre de la place. « Laisse-moi quelques secondes, d’accord ? » Il déposa un baiser sur son front et repartit vers là où était posé le sac à Iku. Il était totalement perdu. Et si elle n’appréciait pas ? Peut-être qu’elle trouverait ça idiot ? Encore plus idiot que d’habitude ? Elle allait sûrement trouver ça bizarre. Déjà, son comportement devait lui sembler suspect. Il secoua la tête, c’était trop tard pour penser à tout ça ! Il avait déjà prévu ce genre de chose de toute façon. Et il voulait être courageux, lui avouer ce qu’il pensait vraiment, c’était trop tard pour faire marche arrière. Arrivé devant son sac, il saisit une rose et fit demi-tour. La rose permettra peut-être à Iku d’être un peu émue ? Il le souhaitait de tout son cœur. Il n’arrivait pas à savoir ce qui se passait dans son esprit en ce moment. Elle devait se douter de quelque chose non ? Il arriva devant Iku. Déjà, elle l’avait attendu. Elle ne s’était pas enfuie. Il s’approcha timidement d’elle, essayant de rester sûr de lui, redressant la tête. Il se racla la gorge et lui sourit tendrement, posant un genou sur le sol. Il se forçait à ne pas rougir, à ne pas se laisser aller. Mais essayer d’éviter de rougir le faisait rougir. C’était inévitable pour lui, surtout dans ce genre de situation. Il se racla une nouvelle fois la gorge. A force, elle penserait qu’il a une angine ou un truc comme ça… Mais il ne devait pas y penser ! Pas maintenant…
Il saisit doucement sa main, la regardant droit dans les yeux. Il passa la rose entre ses doigts, lui souriant tendrement. Il déposa un baiser sur sa main et releva la tête, les joues roses.
    « Iku, je t’aime. Je veux t’aimer demain, dans un mois et dans 10 ans même. J’ai envie… De te le promettre. Iku… Je te le promets. Je te promets de faire de toi ma femme, et de t’aimer pour toujours ! »

Il baissa la tête, croyant mourir de honte.

[Désolée c’est nul -__- Si t'aimes pas du tout au pire je refais]
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Le temps d'un sourire.
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