Présentation PP -- Shin Chikara -- [FINIE]

Je ne me souviens plus vraiment de ma naissance. Bah, ce n'est pas comme si beaucoup de gens s'en souvenaient, après tout, et puis ça n'a pas grand intérêt. Je ne me souviens plus non plus de ceux qui m'ont mis au monde, ils ne m'ont pas vraiment couvé de leur présence, toujours à cavaler un peu partout dans le monde - sauf chez eux. La seule prétendue famille que j'ai eu, dans mes "jeunes" années, ont été des serviteurs. Des serviteurs humains, vous l'aurez compris. J'étais sois-disant l'héritier de ma famille, de la noblesse, blablabla... Tout ça m'a rapidement lassé, ce qui s'est traduit par une éradication sommaire - quoi que très gouteuse - de tous les laquais du manoir, avant que je ne quitte ce soit-disant "foyer" où il ne se passait jamais quoi que ce soit. Non pas que j'aime l'agitation, mais passer trente ans à ne rien faire dans un manoir où personne d'autre que des serviteurs ne viens vous rendre visite a de quoi venir à bout de la plus grande des patiences...

Bref, tout ça pour dire qu'à l'instar de mes très chers et révérés parents (j'ôse espérer que vous percevrez l'ironie dans mes propos), je me suis mis à errer un peu partout, au gré de mes humeurs et de mes envies. Du moins était-ce l'impression que je devais donner, car j'avais bien un but, ce but n'avait juste pas de situation géographique particulière. Je cherchais tout simplement d'autres vampires. Et j'en trouvais ! Au cours du siècle qui suivi, j'en trouvais même bien plus que ce à quoi je m'étais attendu ! Lorsque j'ai décidé de nous installer dans les bas-fonds de Tokyo, j'avais déjà une dizaine de mes semblables avec moi. Quoi que "semblables" soit un peu trop généreux pour les décrires, il s'agissait pour l'essentiel de femelles vampires dont la beauté n'avait d'égale que leur naïveté et leur inexpérience de la non-vie. J'avais déjà dix-huit décennies en ce monde, elles n'étaients que des gamines aisément manipulables. La seule exception du lot était Vladimir, un vampire originaire de Russie qui avait passé les quatre siècles de sa vie comme garde du corps, et ne demandais qu'à pouvoir continuer à servir un Noble Immortel. Ce que je suis, vous en conviendrez. Pour être tout à fait franc, j'aurais presque eu de l'estime pour lui, s'il avait été bon à autre chose qu'à obeir sans jamais réfléchir de lui-même. Mais je n'ai pas de respect pour les gens si loyaux qu'ils se tueraient sur demande, dommage vladimir ! Ceci dit, je n'allais pas me priver d'un outil d'une telle qualité.

Pour autant, je commencais déjà presque à m'ennuyer, après une petite dizaine d'années passées à chasser tranquillement dans Tokyo, reclu dans les égouts. Certes, c'était un lieu tranquille et sur, mais pas assez intéressant pour que j'y reste plus longtemps que dans le Manoir de ma "famille". Je n'aurais probablement pas tardé à nous faire déménager, si ELLE n'avais pas fait son apparition dans ma vie.

Je m'en souviens comme si c'était hier (ce qui, au fond, est presque le cas, que sont 4 pauvres petites années à côté de plusieurs siècles de vie ?). Cette nuit s'annonçait comme tant d'autres nuit de chasse : d'une banalité routinière affligeante. Les choses commencèrent à s'agiter dans une sombre ruelle, où je venais de repérer une première proie : un homme grossièrement habillé, avec un révolver à la main, qui semblait attendre fébrilement une petite victime à détrousser ou à assassiner. Si seulement il savait que son propre prédateur se trouvait à quelques mètres au-dessus de sa tête, tranquillement debout en équilibre sur une pancarte publicitaire aux néons éteints, il aurait rit... ou peut-être pas. Ce ne fut qu'au moment où je m'apprêtais à lui sauter dessus et en finir avec le suspense que deux jeunes humaines pénètrèrent dans la ruelle. Du moins c'est ce que je cru au début, mais lorsqu'elles passèrent en-dessous de moi, leur odeur me détrompa : elles ne sentaient pas comme les humains. Leur apparence, à priori vu d'en haut, était tout à fait humaine, mais leur odeur avait quelque chose qui ne pouvait pas tromper mes sens d'Immortel. La question était maintenant de savoir si elles étaient plus qu'humaines... ou moins. Et l'homme embusqué dans les ombres, qui aggripa violemment la plus grande des deux femmes, n'allait pas tarder à le faire savoir.

Je me souviens encore de ma surprise, de ma magnifique surprise, lorsque cette espèce de déchet humain enleva le bonnet de la plus petite des deux femmes. Les attributs typiquement félins qui ornaient la tête de cette enfant avaient manqué de me faire tomber de ma petite plateforme surélevée. Une... Neko ? J'allais dire "deux" Nekos, mais la plus âgée des deux fut brutalement abattue par l'homme armé, qui avait pour sa part choisi de paniquer à la vue des oreilles félines de la gamine. La vue du corps inerte de la femme avait fait monter en moi une vague de colère : ce déchet venait d'abattre l'une des deux représentantes d'une espèce qui avait l'air intéressante !!! Lorsqu'il pointa son révolver vers la deuxième, la plus jeune, et surtout la seule survivante, je ne me laissais pas avoir par surprise et me laissais tomber derrière lui - sans un bruit, cela va de soi -, et lui plantait sommairement un couteau dans le dos. Pas question que le deuxième spécimen tombe lui aussi !!!

Jusqu'ici, jusqu'à ce moment précis, je n'avais vu en ces Neko qu'une nouvelle source d'amusement totalement inédite. Mais lorsque mes yeux se posèrent sur le visage de la petite, une suite sans fin de sentiments - et d'idées agréablement folles - me traversèrent le coeur et l'esprit. Ses grands yeux d'une si touchante naïveté, ses traits si adorables... Je ne pouvais pas me contenter d'en faire un simple outil, ou un simple jouet, elle pouvait être bien plus ! Je m'étais alors approché d'elle, un grand sourire ravi sur les lèvres, et en quelques mots bien choisis, je l'avais faite mienne. Encore plus facile que je n'aurais pu l'imaginer.

Ayumi... Oui, dès le premier regard, j'avais su que je voulais d'elle bien plus que de toutes les autres femmes, humaines, vampire ou que sais-je d'autre. Mon petit Chaton... J'ai entretenu ton amour pour moi, je t'ai manipulé et aimé comme tu le méritais, et alors que je m'apprêtais à tout t'offrir, tu m'as laissé tomber ? Je n'accepterai pas ça. Je ne te laisserai pas te souiller par l'ingratitude, je te retrouverai et ouvrirai à nouveau tes yeux sur la vérité : tu es mienne, tu l'as toujours été depuis que j'ai décidé de sauver ta frêle petite vie, ta place est à mes côtés et nulle part ailleurs. Pendant près d'un an, mes chères petites esclaves t'ont cherché, depuis que je leur ai fait comprendre qu'elles devaient me revenir avec des nouvelles... ou ne pas revenir du tout. Et Nayha est revenue, vois-tu, avec des nouvelles intéressantes...

Mahora n'est pas inaccessible à un Noble comme moi, rien ne m'est inaccessible, tu devrais le savoir... Mais si tu veux que Mahora soit notre nouvelle résidence, à tous les deux, pourquoi pas... Attends-moi, je viens te retrouver, mon Chaton.